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- Touristes, de Ben Wheatley (Angleterre, 2012)
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À Cannes, et au ciné-cité les Halles
Quand ?
En mai, et jeudi soir à 21h
Avec qui ?
Seul, et avec MaBinôme
Et alors ?
Six mois après Kill list, le film suivant du cinéaste anglais Ben Wheatley nous arrive déjà. Ce maigre écart vient du fait que Kill list, tourné en 2010, était en retard quand Touristes, lui, est à l’heure – présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en mai, sorti au Royaume-Uni le mois dernier. À l’opposé du scénario alambiqué de son prédécesseur bizarroïde, et presque trop malin pour être acceptable, Touristes est d’un limpidité et d’une linéarité à toute épreuve. Il ne s’y raconte presque rien – les premières vacances ensemble d’un couple, qui se transforment en virée meurtrière menée à quatre mains. Et il n’y a à aucun moment tentative de tromperie sur la marchandise, Wheatley ayant tout à fait en tête la mesure du cadre de sa série B turbulente. Il joue au maximum de la poignée d’atouts qui s’y trouvent, sans en chercher d’autres en forme de miroir aux alouettes.
Touristes combine deux domaines cinématographiques dans lesquels l’Angleterre excelle régulièrement, l’horreur et l’humour nonsense. Du sang de Sacré Graal ! coule dans ses veines, car on y retrouve l’addition campagne bucolique anglaise + meurtres en masse + héros complètement déconnectés moralement de la malfaisance de leurs actes. Et l’on n’est pas du tout face à une situation de fin de race, mais au contraire dans une lignée on ne peut plus fringante. L’abattage des deux comédiens principaux, Alice Lowe et Steve Oram, y est pour beaucoup. Ils sont parfaits en duo à la Minus et Cortex, aussi colossalement crétins que foncièrement candides. Leurs personnages ne demandent pas la lune, ils sont bien conscients des cartes piteuses que la nature leur a servies ; mais ils sont frappés d’une fâcheuse tendance à se penser un peu moins minables que tous ceux dont ils croisent la route. À cette erreur d’appréciation vient se greffer une inaptitude extrême à supporter les camouflets, auxquels ils répondent par le meurtre plutôt que par une bouffée d’aigreur ravalée tant bien que mal.
L’humour caustique de Touristes se déploie ainsi sur deux tableaux, qui s’étayent mutuellement : la beauferie absolue du tableau outré de la classe moyenne campagnarde à l’anglaise, et les agissements aberrants des deux redresseurs de torts autoproclamés sans la moindre raison valable. En toutes circonstances, Lowe et Oram, qui ont également écrit le film, se révèlent de très bons scénaristes. La nature répétitive de la structure du récit ne se ressent pas dans les faits, grâce au renouvellement des contextes des crimes et à l’inspiration des blagues composant les échanges du couple. Ces derniers sont le plus souvent libidineux ou scato, des chemins toujours glissants et ici empruntés avec verve. Par-dessus le marché la réalisation de Wheatley est percutante, avec de beaux exemples d’intégration de la musique. Quant à la touche finale du film, elle est exactement celle qu’il faut, là où il faut. Dans ces conditions, absolument rien ne vient gâcher le plaisir méchant et idiot que l’on prend devant Touristes.