• Tonnerre, de Guillaume Brac (France, 2013)

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Où ?

Au ciné-cité Bercy

Quand ?

Le mercredi soir de la sortie, à 20h

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Le quatrième « Vincent Macaigne-movie » en six mois est aussi le meilleur. Car contrairement à ses trois prédécesseurs (La fille du 14 juillet, La bataille de Solférino et 2 automnes 3 hivers) qui avaient tous leurs petits ratés gâchant légèrement la réussite d’ensemble, Tonnerre est déjà d’une maîtrise et d’une fécondité exemplaires. « Déjà », car il s’agit du premier long-métrage de son auteur Guillaume Brac. Lequel réalise là une union admirable, et pourtant improbable, entre les deux piliers traditionnels de la PQR (presse quotidienne régionale) : la rubrique « Vie locale » et la page « Faits divers » – dramatiques de préférence. La référence à la PQR n’est pas anodine, Tonnerre se déroulant dans la petite ville du même nom, dans l’Yonne, où son héroïne Mélodie (Solène Rigot) écrit pour le journal local. Le début idyllique de la relation amoureuse entre Mélodie et Maxime / Vincent Macaigne se vit au rythme des événements et rencontres qui occupent le quotidien : visite d’un domaine de vin de Chablis, randonnée en ski de fond dans le Morvan. Mais à l’occasion d’un épisode ancré tout aussi nettement dans le réel de la région (l’attente du retour de l’être aimé sur un quai de TER, filmée avec un seul acteur noyé dans la foule des véritables passagers du train), le récit bascule. Mélodie quitte brutalement Maxime pour retourner auprès de son ex Ivan, qui la rend malheureuse mais la tient par sa jalousie et son harcèlement.

Les tourments intimes des personnages prennent alors le pas sur l’environnement, et passent au premier plan de Tonnerre. Un lyrisme à fleur de peau se met à souffler avec force sur le film, de ceux qui sont capables de transcender une anecdote de fait divers en une tragédie déchirante, sondant avec acuité et dureté les affolements et imperfections humaines. Le glissement des trois protagonistes, par leur propre faute, dans un cauchemar éveillé est écrit, interprété et filmé avec énormément de justesse, séquence après séquence – la confrontation dans le parking souterrain nous fige d’effroi, plus loin l’ambivalence du kidnapping et le laconique constat de gâchis qui règne sur la résolution dans les locaux de la gendarmerie ne sont pas moins puissants. Dans toutes ces situations Brac fait un usage remarquable de son décor emprunté à la réalité, gardé comme tel et cependant mis au service de ce que la scène vise à transmettre comme propos, comme émotions. Le talent ainsi déployé, et la limpidité tant morale (tous autant que nous sommes on essaye de vivre, on se plante, on prend des coups, et les petits bonheurs sont le seul baume disponible face aux grandes peines) que narrative du récit, confèrent au film une ascendance prestigieuse – absolument méritée. Tel qu’il est pensé et réalisé, Tonnerre pourrait tout à fait être un western classique des années 40, avec James Stewart dans le rôle principal.

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