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- The deep blue sea, de Terence Davies (Royaume-Uni, 2011)
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Au MK2 Beaubourg
Quand ?
Lundi soir, à 20h
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
Drôle de hasard de voir The deep blue sea juste après Le mariage de Maria Braun (sur Arte+7 le week-end dernier, critique à venir). Les deux films sont de lointains cousins, séparés par deux décennies mais reliés par leur thème : la reconstruction d’un pays dévasté par la Seconde Guerre Mondiale, traitée indirectement via le destin intime d’une femme dans les années 1950, ici Hester / Rachel Weisz. L’Allemagne de Fassbinder était défaite, le Royaume-Uni de Terence Davies comptait au nombre des vainqueurs du conflit mais l’état matériel et moral des deux pays tel qu’il est décrit à l’écran est fondamentalement le même. Un champ de ruines, d’où l’ordre ancien a été récusé sans réhabilitation possible (le mari d’Hester), et hanté par les âmes fantomatiques de soldats dont seuls les corps sont réellement revenus du front (son amant).
La différence notable entre les deux œuvres tient à leur envergure. Là où Le mariage de Maria Braun, dans le sillage de son inoubliable héroïne, nous entraînait à travers une décennie entière d’initiatives, d’épreuves et de désillusions pavant le chemin d’un redressement amer et ambigu, The deep blue sea s’en tient, immobile, au stade du constat. Cet engourdissement est difficile à déchiffrer, entre ce qu’il a de volontaire et ce qui relève de l’héritage subi. Car le film est l’adaptation d’une pièce de théâtre, et s’enlise par moments dans une vilaine caricature de théâtre filmé. Ces blocs compacts et statiques de dialogues à deux ou trois voix, artificiellement reproduits par le scénario à partir du texte d’origine, engoncés dans des champs-contrechamps machinaux, sont d’autant plus incommodants qu’ils partagent l’écran avec d’ardents éclats de lyrisme, passionnel et cinématographique. Hester est incapable de s’arracher au souvenir des aventures d’antan, dangereuses et douloureuses mais pour les mêmes raisons intenses et chavirantes. Vus sous cet angle, la guerre et l’adultère sont mis sur un pied d’égalité, et les souvenirs qu’Hester en a donnent lieu à des séquences bouleversantes. On y trouve une vérité des émotions, de la vie, totalement absente à d’autres moments du film.
Cette vérité, la mise en scène de Davies vient l’intensifier par son lustre (dans la reconstitution d’époque, magnifique, habitée) et sa vibration. Celle-ci nait de la lumière, frêle et éclatante à la fois, de la caresse des mouvements d’appareil, et surtout de la musique, souvent convoquée pour exprimer mieux que des mots la communion, l’amour qui peuvent surgir entre des êtres. The deep blue sea touche au cœur lors de ces moments miraculeux. Mais il en partage trop la nostalgie qu’en a son héroïne, et ne peut se montrer convaincant lorsqu’il revient à son temps présent, marqué par la nécessité de se tourner vers le futur et non le passé.