• Pina, de Wim Wenders (Allemagne, 2011)

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Quand ?

Vendredi soir

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Perdu pour la fiction depuis plus de deux décennies (avec Land of plenty, porté par son actrice Michelle Williams, comme seul film décent au milieu d’une étendue d’échecs), Wim Wenders tente avec Pina de refaire le coup de Buena vista social club : survivre par le documentaire, en regardant faire d’autres artistes plus inspirés que lui. Mis en chantier peu de temps avant le décès de la danseuse et chorégraphe Pina Bausch, Pina est ouvertement pensé comme un hommage à son talent et à l’œuvre conséquente et précieuse qu’elle nous a laissés. L’intention est louable et généreuse, à défaut d’être originale et audacieuse ; et le film qui en résulte ne manque pas de moments de grâce, lors de captations des interprétations par la troupe de Pina Bausch de certaines de ses créations majeures – Café Müller, Kontakthof, Vollmond.

Le souci est que Wenders, loin d’avoir abandonné toute ambition cinématographique, s’y cramponne coûte que coûte. Et dès lors, se montre décidé à ne pas s’effacer derrière le sujet de son documentaire-hommage. Pina comporte pas moins de quatre idées stylistiques ostentatoires : la 3D, les témoignages des danseurs, la mise en scène de bribes de chorégraphies en pleine ville, et le montage entrelaçant différentes pièces. C’est trop, et en plus trois d’entre elles ont un effet nuisible sur le film. Seul le recours au relief a un intérêt, par l’usage que le cinéaste fait de la profondeur de champ quand il pose sa caméra au milieu des danseurs sur leur scène. Là, il trouve effectivement un moyen de magnifier la danse par le cinéma, Pina Bausch par le documentaire Pina. Le reste de ses tentatives d’apporter de la valeur artistique ajoutée à l’hommage sont au mieux maladroites et pompeuses (les témoignages en plan fixe muet, avec les propos plan-plan des danseurs en voix-off ; les séquences de danse dans la ville, que la recherche d’esthétisme trop appuyée tire vers l’artifice publicitaire), et au pire totalement contreproductives. L’idée de monter des extraits de pièces de Pina Bausch les uns au milieu des autres est ainsi affreuse. Elle n’aboutit à rien d’autre qu’à un zapping désincarné où la moitié des chorégraphies présentées est coupée net dans son élan par le soudain passage à autre chose, et où l’autre moitié n’a même pas d’élan à voir brisé. Winders voulait certainement bien faire, mais n’y est pas parvenu. On préférera à ce Pina le plus modeste mais autrement plus juste Les rêves dansants (autour de la pièce Kontakthof).

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