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- Nouvelles séries américaines, collection automne-hiver 2011 (1/3) : American horror story
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La télévision américaine semble avoir déjà digéré la fin de son premier âge d’or, du début des années 2000, terme symbolisé par l’arrêt simultané au printemps 2010 de Lost et 24, les deux derniers dinosaures de cette époque bénie. La gueule de bois consécutive n’aura duré qu’une saison, 2010-2011, où aucun nouveau projet n’a crevé l’écran. Ce n’était pas le début d’une glissade le long d’une pente descendante, mais une retraite transitoire afin de rassembler ses forces en vue d’un nouvel assaut éblouissant. Sans surprise, les chaînes câblées sont une fois de plus en première ligne du renouveau : Showtime avec Homeland, FX avec American horror story. Mais un mot doit aussi être dit de Terra Nova, malgré son rattachement à un grand network (la Fox, qui diffuse également Fringe) et sa charrette de défauts flagrants. Point commun entre ces trois séries nouvelles : leur première saison adopte le format resserré de douze ou treize épisodes, au lieu de s’épuiser dans un marathon dépassant la vingtaine d’épisodes et poussant inévitablement au remplissage. Sur une demi-saison, les auteurs d’une série peuvent s’en tenir à raconter l’histoire qui les intéresse, et le faire bien. Il y a tout à gagner à ce que cela devienne la norme.
Autre point commun, le fait que ces trois séries sont menées par de vieux briscards du monde des séries tv, qui démontre ainsi sa capacité à se renouveler – pour l’instant – de l’intérieur. Le plus connu des trois est Ryan Murphy, à qui l’on doit l’un des précurseurs des shows déviants, Nip/Tuck, puis Glee, déjà conçu en duo avec Brad Falchuk tout comme l’est ce American horror story. A la base, cette nouvelle série semble ne devoir être qu’un divertissant récit de maison hantée, doté d’un générique prodigieusement malsain et profitant du penchant de Murphy pour toutes les choses grotesques et répugnantes. Il y a de ça, et cela vaudrait déjà le détour. Mais la série a en son sein une idée de génie, une vraie bombe : toute personne mourant dans la maison devient un fantôme lié à cette maison. Triple conséquence : primo, le nombre de spectres est en croissance constante, depuis le début de la malédiction dans les années 1920 jusqu’à aujourd’hui, ce qui occasionne un joyeux bordel et des combinaisons infinies d’alliances ou d’affrontements entre eux ou avec les vivants ; deuzio, les scénaristes ont toute latitude pour massacrer comme bon leur semble les protagonistes, dont le retour sous une autre forme est garanti ; tertio, les morts conservant l’apparence qui était la leur de leur vivant, il est possible de manipuler le spectateur en le trompant sur le statut d’un personnage. Option dont la série use sans en abuser, avec une occurrence en particulier qui est l’occasion d’un twist ahurissant – sans exagérer.
De ce coup de génie et de la montagne de possibilités qui en résulte, American horror story fait un excellent usage. Les embardées morbides, scabreuses, gore s’enchaînent sans repos et même s’accumulent de façon exponentielle, puisqu’aucune des intrigues n’est jamais contrainte à rallier son point final. Chaque nouveau récit et son lot de protagonistes est la promesse, en plus de son développement inaugural, de son mash-up à venir avec tous les éléments déjà en place. De série d’horreur, American horror story tourne à l’orgie mixant figures rituelles de l’horreur au cinéma (Rosemary’s baby en tête de proue) et dans le monde réel – Halloween et les maisons hantées évidemment, avant que la série ne mette le turbo et se projette de plus en plus dans l’exubérance. Faisant honneur à son titre d’histoire Américaine, elle convoque à sa table le massacre de Columbine, le Dahlia Noir, les sorcières de Salem, et plus loin elle va, mieux elle se porte. Le délire entropique lui va à ravir, surtout servi dans un enrobage aussi classieux. Mise en scène, décors et photographie, casting (les trop rares Dylan McDermott et Connie Britton entourés de seconds rôles de choc parmi lesquels Jessica Lange, Zachary Quinto, Frances Conroy) donnent dans le très haut de gamme pour une série tv, achevant de rendre inutile toute tentative de résister à vos penchants les plus noirs et déviants.