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- Lost River, de Ryan Gosling (USA, 2014)
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Au ciné-cité les Halles, dans une des trois grandes salles
Quand ?
Mardi soir, à 19h
Avec qui ?
MaBinôme
Et alors ?
C’est écrit dans le regard et sur les traits de Ryan Gosling : il y a quelque chose de profondément enfantin chez cet homme. Lost River, son premier film en tant que réalisateur, en fournit la preuve avec une candeur et une témérité saisissantes. Pour son grand saut dans la réalisation (et l’écriture) l’acteur a fait le choix de refuser vertement tous les filets de sécurité, tous les parcours de santé. Il se jette à l’eau là où elle est la plus profonde et la plus périlleuse, dans le cinéma de genre tendant vers l’expérimental, le symbolisme, le traumatisme sensoriel. Le rapprochement avec le travail de Nicolas Winding Refn est rapide à effectuer au vu de sa proximité avec Gosling (Drive, Only God forgives) et de certaines composantes visuelles de Lost River ; mais c’est le nom de David Lynch qui s’impose nettement comme référence prédominante sur le néo-cinéaste.
À mesure qu’elle se met en place, l’exposition de Lost River fait craindre que le film tourne à la simple fan-fiction ayant pour unique programme le mash-up des œuvres cultes de Lynch – Sailor & Lula, Mulholland Drive, Inland Empire… Gosling en reprend les motifs, personnages, ambiances, à peine décalqués et tout juste mêlés à un vernis graphique composite, inspiré également de Refn donc, et façonné par le directeur de la photographie du film Benoît Debie (Enter the void, Spring breakers). Toutefois, la défaillance de Lost River ne vient pas de là. De manière un peu tardive et laborieuse, le film va trouver sa voix – et sa voie – propre. Mais il reste alors bloqué au stade suivant, celui des promesses non matérialisées. Gosling excelle dans les préliminaires, l’éveil de nos désirs de spectateur à coups de visions folles (pas étonnant que la bande-annonce soit si emballante) et d’intentions fortes. Il aspire à rien de moins que faire de son film un conte, au sens le plus noble du terme.
Le souci est que cette croyance ardente et fièrement arborée en la toute-puissance des images – les dialogues sont ici accessoires, voire absents – et des symboles (les méchants sont de véritables ogres, une malédiction est à lever, la symbolique de l’innocence sexuelle est également convoquée), bref en le cinéma, n’est qu’une première étape. Il y a un monde entre les simples disciples et les prophètes, et Gosling appartient pour le moment à la première catégorie. Son film échoue dans tous ses passages à l’acte, incapable de prolonger en séduction ou malaise durable le choc des effets de surprise. Les exemples se multiplient, de la scène à la banque à l’allumage soudain des réverbères de la route inondée : l’impression produite par chaque nouvelle étincelle, visuelle, sonore, gore même (les envoûtants numéros de cabaret), est grande puis tourne au feu de paille. Comme un enfant, Gosling dépense énormément d’énergie, d’émotions, de spontanéité pour échafauder quelque chose de très évanescent et éphémère au final. La bande-annonce soignée et sincère, candide mais creuse d’un film qui reste tout entier à faire.