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- Los herederos – les enfants héritiers, de Eugenio Polgovsky (Mexique, 2008)
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Au club Marboeuf, en avant-première (le film sort ce mercredi en salles)
Quand ?
Lundi matin la semaine dernière, à 10h
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
Los herederos sort bien tardivement en France, sa tournée internationale des festivals remontant à trois ans de cela (automne 2008 et début 2009). On ne va pas ronchonner pour autant, mais simplement apprécier la distribution d’un documentaire fragile et humble, sans effets de manche. De plus, Los herederos échappe de par son sujet même à l’emprise du temps. Ce dont il est question ici est la transmission immuable, de génération en génération, de la condition sociale laborieuse et opprimée qui est celle des paysans pauvres du Mexique. Trois ans de plus ou de moins ne sont pas de nature à changer quoi que ce soit à cet état de fait, et au destin immobile des « enfants héritiers » suivis par le film.
Le dessein de Los herederos est d’une grande simplicité : capter le quotidien de ces enfants, ni plus, ni moins. Un quotidien dirigé par le fait que leurs familles ont besoin de tous les bras disponibles pour survivre malgré la misère, et donc composé du travail aux champs, des marches dans la forêt pour les corvées de bois et d’eau, des tâches ménagères dans le hameau où vit la famille, des récoltes dans les grandes exploitations proches pour compléter les revenus. Polgovsky ne pratique ni la narration en voix-off, ni les interviews. Il ne se positionne pas en surplomb de ses sujets mais à leurs côtés, pour nous faire partager aussi fidèlement que possible leur existence si éloignée de notre mode de vie urbain. Polgovsky fait de la caméra un enfant travailleur potentiel dont nous voyons ce que ses yeux verraient – y compris les regards des autres dans sa direction, qui deviennent des regards caméra tout ce qu’il y a de plus naturels et légitimes. Polgovsky filme à hauteur d’enfant, et effectue les mêmes trajets qu’eux, entrecoupés des mêmes pauses, soumis aux mêmes répétitions. Il se place si près d’eux qu’il donne l’illusion d’effectuer les mêmes tâches qu’eux.
De ce choix net de point de vue découle une immersion qui repousse tout risque de jugement à l’emporte-pièce, misérabiliste, indigné ou admiratif. Los herederos montre, simplement, d’autres conditions de vie en les traitant uniquement selon cet axe de l’altérité. Ses protagonistes n’ont pas perdu leur enfance, ils sont espiègles, joueurs, souriants. Seul le contexte dans lequel ils évoluent est particulier, différent – à nos yeux, car pour eux il s’agit du seul qui existe, une vérité que Polgovsky respecte par-dessus tout. [L’unique reproche que l’on peut faire à son film concerne d’ailleurs les quelques passages où il s’essaye maladroitement à expliciter les démarcations du monde de ces enfants, par la musique, le montage]. Ce traitement neutre, égalitaire est d’une grande intelligence. Voilà un travail qui expose remarquablement l’ampleur du drame, le faisceau de ramifications entre ses différentes causes, l’absence de figures évidentes de victimes et de coupables.