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- L’énigme du Chicago Express (The narrow margin), de Richard Fleischer (USA, 1952)
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Au Louxor, en séance ciné-club
Quand ?
Mardi soir, à 20h30
Avec qui ?
Mon compère de cinémathèque
Et alors ?
La carrière de l’injustement méconnu Richard Fleischer, longue de presque soixante ans et autant de films, l’a vu s’acclimater à toutes les époques et tous les genres. Pour n’en citer qu’une poignée : 20000 lieues sous les mers, La fille sur la balançoire, Les Vikings, L’extravagant Docteur Dolittle, L’étrangleur de Boston, Soleil vert. Avant de multiplier les grands films, il a fait ses gammes en fabriquant de la série B à la chaîne avec des budgets de misère et des acteurs anonymes. L’énigme du Chicago Express (titre français très étrange, passe-partout et racoleur) est un de ces derniers exercices, et c’est une merveille dans son genre. L’intrigue est simplissime, et un tremplin idéal pour faire décoller un thriller trépidant. Deux policiers arrivent en train à Chicago, où ils viennent chercher une femme (veuve d’un gangster haut placé) pour l’accompagner jusqu’à Los Angeles, qu’ils comptent rejoindre par le train du retour avant qu’elle y dépose devant un Grand Jury. Évidemment, une autre équipe recrutée par le camp des criminels va tout faire pour éliminer le témoin gênant et son escorte. C’est tout, et à partir de là tout est possible. Surtout une fois les protagonistes rassemblés dans le lieu clos, et rempli de civils n’ayant rien à voir dans l’affaire, qu’est le train.
L’énigme du Chicago Express déploie alors des trésors d’imagination pour faire s’accumuler les problèmes à résoudre par le héros Walter Brown. Le film s’appuie sur une compréhension parfaite des enjeux dramatiques de la situation mise en branle, et ainsi tire toujours dans la bonne direction. Ce qui est en jeu est de rester en vie, rester incognito, neutraliser la menace des tueurs à gages, les trois à la fois et donc toujours dans l’urgence. L’inflation exponentielle de la « to do list » de Brown, produite par ce numéro de jonglage forcé, est aussi délectable pour nous que cauchemardesque pour lui – exactement comme il se doit dans un film à suspense. La mise en scène de Fleischer joue admirablement son rôle de catalyseur de ces épreuves, mortelles quand la personne en face de vous a un pistolet et comiques quand c’est un enfant qui vous colle aux basques. Elle rend limpide leur enchaînement en cascade, et les changements incessants de direction causés par leurs interférences ; de plus elle tire le meilleur parti des espaces étriqués et fractionnés avec lesquels les personnages doivent composer dans leur bataille feutrée. Ce qui pourrait être une contrainte visuelle tournant au calvaire devient un atout majeur dans la manche du film, dont le caractère de partie d’échecs s’en voit magnifié.
On sent dans L’énigme du Chicago Express une parfaite maîtrise de toutes les ficelles du genre, qui amène un parfait emboîtement de tous les éléments. En plus de la narration, du suspense et de la réalisation, il y a les personnages charismatiques, les embardées plus qu’hardies du script (dont un twist spectaculaire et un climax déchaîné), et la sagacité de savoir s’en tenir à la durée que peut supporter une intrigue si ténue. Soit une heure et onze minutes, générique compris. Ainsi le film ne perd pas un instant sa vivacité, et reste de part en part d’une efficacité géniale.