• L’assaut, de Julien Leclercq (France, 2010)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles

Quand ?

Vendredi soir, à 22h30

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Les cerveaux à l’origine des attaques du 11 septembre 2001 se sont possiblement inspirés de l’action qu’ambitionnait de mener le GIA algérien en ce jour de Noël 1994, quand quatre de ces membres se sont emparés d’un avion de ligne faisant la liaison Alger-Paris dans le but de le faire s’écraser contre la Tour Eiffel. Le cinéma effectue le parcours inverse puisque L’assaut, qui raconte sous forme de fiction cette prise d’otage, s’inspire ouvertement du style embedded élaboré par l’anglais Paul Greengrass (Bloody Sunday, La mort dans la peau) et ayant trouvé son plus puissant aboutissement dans Vol 93, récit des attentats contre le World Trade Center vu de l’intérieur du seul avion à ne pas avoir atteint sa cible ce jour-là. L’envie de voir L’assaut vient essentiellement de la curiosité provoquée par cette référence déclarée, marque d’une ambition cinématographique rare dans le film d’action/suspense français. Et la qualité effective du résultat auquel aboutit le copiste Leclercq, malgré les fautes dont il est entaché, prouve avant toute autre chose que Greengrass a véritablement découvert une recette miracle, impossible à mettre en échec.

De l’instant où les terroristes montent à bord de l’avion à Alger jusqu’à l’assaut mené par le GIGN quarante-huit heures plus tard à Marseille, la formule Greengrass génère un suspense qui ne faiblit jamais. Leclercq reprend avec application ses différents ingrédients : caméra à l’épaule, cadrage au plus près des visages et des corps, attention portée aux temps morts et aux silences, et cette idée centrale du montage parallèle éclaté, qui remet la responsabilité de la progression de l’intrigue entre les mains d’un groupe plutôt que d’individualités dominantes. Bien sûr, la malédiction persistante du cinéma de genre français se manifeste ici et là, par une musique plombante ou bien des répliques et postures qui flirtent avec le risible – la jeune Mélanie Bernier doit par moments lutter pour maintenir à flot son personnage de diplomate, plus utilitaire que réaliste. Le manque de moyens, autre tare atavique, se ressent également dans le montage à la hussarde des séquences sur le papier les plus spectaculaires, avec recours à des archives télévisuelles pour servir de bouche-trou. Mais Leclercq a clairement saisi l’essence formelle du genre embedded. L’attention portée aux détails qui enrichissent un contexte – la ville autonome que constitue la caserne où vivent les gendarmes du GIGN et leurs familles – et à l’inscription dans la durée d’un événement (le blocage des autorités algériennes durant les premières heures, l’enlisement de l’assaut final qui se transforme en guerre de position) en est la preuve.

Le point sur lequel on peut par contre effectivement attaquer L’assaut est son absence de visée politique ou émotionnelle. Leclercq ne parvient pas à s’extraire de l’entre-deux instauré par le déroulement réel des faits, avec une rupture quasi-immédiate du huis-clos et l’implication dès les premières heures des gouvernements et de leurs bras armés. Impossible donc de reproduire le dispositif verrouillé et d’identification maximale aux anonymes piégés de Vol 93 ; mais sans avoir pour autant à disposition la portée nécessaire pour mettre sur pied un récit de politique-fiction consistant, à la Reporters par exemple. Leclercq veut traiter équitablement les deux aspects, et se retrouver à les simplifier – les sacrifier – tous les deux. C’est regrettable car il y avait clairement matière à faire plus : le scénario définit initialement une série de figures au sein des passagers de l’avion, qui ne seront pas exploitées par la suite. De même, le traitement du versant politique et stratégique de la crise est de bonne facture, avec pour unique défaut notable celui de ne pas pousser plus avant ses propositions. Pas mal mais pouvant mieux faire, L’assaut est un candidat tout désigné aux encouragements du jury.

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