• Grigris, de Mahamat-Saleh Haroun (Tchad, 2013)

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Où ?

À Cannes

Quand ?

En mai

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Pour l’essentiel, Grigris m’a fait le même effet que le précédent long-métrage de Mahamat-Saleh Haroun, Un homme qui crie (qui avait valu au cinéaste le Prix du jury à Cannes en 2010). C’est une œuvre honnête, solide, méritante – le mot du jour, déjà de sortie pour Ini Avan – ; mais sans franche qualité non plus. Grigris est plat dans sa description du quotidien des personnages, et terne lorsqu’il s’aventure sur les terres du thriller avec contrebandiers et trahisons entre gangsters. Il ne se singularise jamais vraiment, ni par le bas, ni par le haut ; à l’exception (en mal) de l’amateurisme qui y affleure plus que de raison, et (en bien) de ses soudains réveils lors des séquences de danse. Comme son héros éponyme le film ne prend sa pleine mesure que dans ces moments, magnétiques dans leur exécution et seuls investis d’un message tacite, qui se trouve être dispensé en finesse plutôt qu’exprimé avec une platitude pataude.

La danse est la passion des deux personnages centraux, Grigris et Mimi, mais aussi leur unique moyen de subsistance – à condition de la pratiquer sous une forme dégradée et dégradante. Le potentiel tragique de la situation est manifeste, mais exploré à une unique occasion ; lorsque les deux danseurs professionnels s’autorisent ensemble une danse désintéressée, pour leur plaisir gracieux à eux seuls. Parenthèse évidemment vite rompue par l’appel du devoir contraint, l’impératif de la danse à la commande pour la satisfaction du client payant. Par la suite, Haroun ne fera rien de cette ouverture. Il s’en tient à suivre sagement le fil de son récit corseté qui, quand arrive sa conclusion, s’avère n’avoir pas servi à raconter grand-chose – ce qui rend le film légèrement inférieur à Un homme qui crie. L’excuse du cinéma devant lutter pour exister ne vaut pas : eux aussi montrés à Cannes, le kurde My sweet pepperland et surtout le palestinien Omar faisaient autrement mieux, dans des conditions au moins aussi délicates.

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