Où ?

Au MK2 Beaubourg

Quand ?

Mercredi, à 14h

Avec qui ?

MonFrère et sa copine

Et alors ?

Il est toujours difficile d’être le cadet, car on n’a de cesse de vous comparer avec celui qui vous a précédé. Il en va de la sorte pour ce second volet de la grande saga mafieuse Gangs of Wasseypur, dont l’on attend fatalement en entrant dans la salle qu’il atteigne la même excellence que le premier. Tout aussi inévitablement, voir qu’il n’y parvient pas tout à fait, qu’il reste toujours un petit cran en-dessous, avive une pointe de déception qui n’a pas scrupuleusement lieu d’être. Les qualités concrètes qui contribuaient à faire du premier film une sensationnelle réussite sont encore là. L’expression que j’avais employé dans mon texte d’alors, « tout est au minimum solide et inspiré », peut être reprise à l’identique. Un « tout » qui englobe le tempo volcanique imprimé à ce feuilleton épique au long cours (2h40 à nouveau), le renouvellement habile des figures de style et des figures humaines pour contrer la lassitude, la beauté de la photographie, l’énergie de la bande-son, le brio des plans-séquence ; un « tout » qui garantit le spectacle d’une série B criminelle, sauvage et amorale.

Mais sur le reste, du numéro 1 au numéro 2 la pente est en légère descente. Plus monocorde qu’hybride, cette suite ne se laisse plus infiltrer par la prolifération d’intrigues, atmosphères et trames annexes qui agrémentaient l’ordinaire du premier film. Celui-ci, à l’unisson de son héros au charisme phénoménal Sardar Khan, s’attelait à la tâche de constituer un empire vorace et exubérant. Allant pour cela chercher sur tous les fronts des sources de richesses à piller, il brassait au bout du compte les zones d’ombre du récit historique national et les multiples domaines où prospère l’économie souterraine, la lutte des classes féroce et la romance inconvenante. Gangs of Wasseypur 2 hérite de cette gargantuesque œuvre-somme couvrant tous les angles de l’intime au général alors qu’elle est achevée. Les nouvelles dynasties sont en place, les règles du jeu économique et politique clairement définies, et l’afflux des kalachnikov élimine toute incertitude quant à la manière de régler les comptes. La conquête périlleuse et grisante laisse la place à la gestion de patrimoine. Ce qui est vrai pour le film l’est aussi pour ses personnages, mais chez ces descendants dégénérés, au choix tarés ou crétins, l’administration tourne à la dilapidation.

Ils caricaturent leurs idoles défuntes et s’entretuent sans génie ni gloire pour la mainmise sur l’héritage, dans un cirque illustrant la citation de Marx comme quoi toute histoire se produit deux fois, « la première comme tragédie, la seconde comme farce ». Le réalisateur Anurag Kashyap est pleinement conscient du caractère bouffon de ce qu’il raconte, et il en tire à plusieurs reprises des scènes très réussies dans le genre – par exemple chaque fois que Définitif (c’est son vrai prénom), le fils bâtard de Sardar, enfourche son scooter pour éliminer une cible, ou tout du moins essayer. Gangs of Wasseypur 2 est donc toujours très plaisant, mais il perd inévitablement en intensité dramatique par rapport au premier volet. De ce fait, la filiation évidente que Kashyap cherche à établir avec la série du Parrain se retourne contre lui. Le récit familial déployé dans le deuxième film est certes identique (les assassinats du chef du clan puis de son fils aîné qui forcent le cadet, ni désireux ni paré pour cela, à monter sur le trône), mais en faisant l’impasse sur le trouble existentiel qui le sous-tend Gangs of Wasseypur 2 se prive de ce qui permettait précisément au Parrain 2 d’être l’égal – voire plus – du premier.

Une réponse à “Gangs of Wasseypur, 2ème partie, de Anurag Kashyap (Inde, 2012)”

1. “Gangs of Wasseypur” d’Anurag Kashyap | Angle[s] de Vue dit :

   30 décembre 2012 à 23 h 53 min

   [...] Gangs of Wasseypur – 2ème partie गैंग्स ऑफ वासेपुर Réalisateur : Anurag Kashyap Avec : Nawazuddin Siddiqui, Zeichan Quadri, Vineet Singh, Tigmanshu Dhulia, Pankaj Tripathi Origine : Inde Genre : Le Parrain de Jharkhand 2 Durée : 2h40 Date de sortie France : 26/12/2012 Note pour ce film : ●●●●●○ Contrepoint critique : Ciné partout tout le temps [...]

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