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- Edge of tomorrow, de Doug Liman (USA, 2014)
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À l’UGC Montparnasse
Quand ?
Lundi soir à 22h, en avant-première
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
Alors que l’acteur-producteur a passé la cinquantaine, la petite entreprise de Tom Cruise ne s’est jamais aussi bien portée. Edge of tomorrow est son quatrième blockbuster en moins de quatre ans, depuis le rebond Mission impossible : protocole fantôme. Et pour la quatrième fois la qualité de divertissement est au rendez-vous, même si on est ici un cran en-dessous de Jack Reacher et Oblivion. Dans tous ces projets, à l’exception du dernier cité – et encore, peut-être a-t-il bûché dessus comme script doctor non déclaré –, un autre nom que celui de Cruise apparaît : Christopher McQuarrie. Le brillant auteur de Usual suspects est devenu le contremaître, l’homme de l’ombre qui fait tourner la machinerie des films-véhicules à la gloire de la star. On le retrouve au charbon pour Edge of tomorrow, où la mission consiste à faire oublier autant que possible le script au profit du spectacle. Rendre les échafaudages invisibles, donner l’illusion que le film n’est composé que de mouvement et d’action, d’images et aucunement de textes.
C’est un travail qui peut être vu comme avilissant pour un scénariste, mais qui est essentiel à la réussite d’un film de pure récréation, qu’il s’agisse d’un blockbuster ou d’une série B. La différence entre les deux ne tient de toute manière qu’au budget mis sur la table ; sans Tom Cruise pour faire se délier les bourses des studios, Edge of tomorrow aurait tout aussi bien pu finir en produit de seconde zone, son pitch étant dans les cordes d’un Paul W. Anderson (celui des Resident Evil). Avec Cruise, on monte en gamme, et avec McQuarrie dans ses bagages, on évite une catastrophe narrative telle que celle du Godzilla de cette année (qui contribue fortement à entraîner ce dernier par le fond). L’argent aidant à bien s’entourer, Edge of tomorrow bénéficie de ce qui se fait de mieux en matière d’images de synthèse (à la fois incroyablement riches et virevoltantes, à l’image des exosquelettes avec lesquels ses personnages partent au front) et de photographie, œuvre de Dion Beebe, le chef opérateur de Collateral et Miami vice.
C’est tant mieux, car l’homme officiellement en charge de la réalisation, Doug Liman, est un modèle de yes man n’insufflant ni âme ni personnalité dans ce qu’il filme. Au moins ceux qui l’assistent assurent-ils le spectacle. Ainsi, Edge of tomorrow a beau être complètement creux, il se révèle divertissant dans des proportions quasiment égales. Le film n’est porteur d’absolument aucune réflexion sur son sujet, pourtant fécond (le principe du reload propre aux jeux vidéo), et ne contient pas plus de chaleur humaine, le développement de l’ensemble des personnages étant sacrifié au nom d’une durée tenue sous les deux heures. En contrepartie de cela, on gagne un montage ultra cut et un rythme échevelé. Edge of tomorrow possède grâce à cela le punch des bonnes séries B, en plus d’en avoir l’opportunisme habile. Il mixe allègrement et intelligemment – comme Oblivion – nombre de références cinématographiques (Un jour sans fin, Il faut sauver le soldat Ryan, Aliens, Matrix revolutions) et historiques : la bataille de Verdun, le débarquement en Normandie. Ce qui, en cette année de commémoration des deux Guerres Mondiales, est plutôt malin, à l’image du film dans son ensemble.