• Conan, de Marcus Nispel (USA, 2011)

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Où ?

A la maison, en DVD zone 2 distribué par Metropolitan Filmexport et obtenu via Cinetrafic dans le cadre de leur opération « DVDtrafic »

Quand ?

Samedi en fin d’après-midi

Avec qui ?

MonFrère

Et alors ?

La bande-annonce vue en salles de ce Conan version 2011 mérite le titre officieux de pire trailer de l’année. Elle se résume à un concentré sur deux minutes, sans rien de positif pour le diluer, de tout ce que le film comporte de tares effectivement lourdes : des paysages en images de synthèse laides au possible, des décors sans âme ni unité au point de donner le sentiment d’être de la récup’ d’autres tournages au gré des disponibilités, et un scénario fourre-tout qui mélange tous les éléments actuellement à la mode dans le cinéma d’action et d’heroic-fantasy dans une omelette de clichés où l’on ne sait jamais sur quoi on va tomber, ni quel est le rapport avec l’instant d’avant. En bonus, on avait droit dans cette bande-annonce à une 3D bas de gamme, du genre faite à la hâte en post-production. Cette dernière mise à part, puisque l’on y échappe grâce aux limitations d’un DVD par rapport à une salle de cinéma, tous ces travers sont nettement présents dans Conan, et bien actifs. Les arrière-plans peints et les décors font mal aux yeux lorsqu’ils nous sont exposés trop longuement, et les sautes brutales du récit d’une situation ou d’un environnement à l’autre poussent le concept de l’ellipse dans des excès fatalement comiques, qui évoquent la projection finale dans La cité de la peur ou les transitions à base de « Soudain, » de la bande-dessinée Francis.

Mais tout cela ne fait pas pour autant de Conan un mauvais film – plutôt un film mal fagoté, d’allure décousue (la voix-off imbitable et le montage le plus souvent réalisé avec des moufles apportent également leur pierre à cet édifice). Prises séparément, sans chercher à les intégrer dans un élan général faisant sens, un nombre conséquent de séquences fonctionnent malgré tout en elles-mêmes. C’est-à-dire qu’elles nous donnent ce que l’on vient chercher dans un film tel que Conan : un divertissement barbare décomplexé et n’envisageant pas qu’il puisse y avoir de limites à l’éruption de sa sauvagerie. L’ouverture, avec son plan in utero d’un coup d’épée frôlant de peu un fœtus et provoquant un accouchement improvisé et manuel sur un champ de bataille, donne de ce point de vue le ton. A grands coups de têtes et membres tranchés, de gerbes de sang surabondantes et de démonstrations d’instruments de torture divers, le film tient ensuite la note brute sans jamais trop faiblir. Il démontre une certaine variété dans les exactions macabres et furieuses, avec dans le lot une poignée de surprises réellement bonnes telles le premier fait d’armes d’un Conan encore enfant mais déjà sans merci, ou le combat contre les guerriers de sable. La réussite de ces scènes et plus généralement l’énergie féroce qui porte à bout de bras Conan sont à mettre surtout au crédit du réalisateur, Marcus Nispel. Spécialiste ès-remakes gores (il a également Massacre à la tronçonneuse et Vendredi 13 à son actif), c’est à lui que l’on doit aussi le méconnu mais très bon Pathfinder dont ce Conan est en quelque sorte la variante mineure, mitigée par un cahier des charges trop contraint. Le même principe, qui a maintes fois fait ses preuves, régente les deux films : taper fort, sans s’arrêter, tant que le sang coule à flots.

Les bonus présents sur le DVD se distinguent pour l’essentiel par leur vacuité – des featurettes qui traitent le film sous l’angle exclusif des combats en enchaînant mécaniquement les images de répétitions et de préparatifs, et un commentaire audio des acteurs Jason Momoa et Rose McGowan qui s’en tiennent à faire le service après-vente du film (tout est génial, tout le monde a fait un travail brillant, et les anecdotes futiles sur les à-côtés du tournage sont légion). Heureusement, ici encore le metteur en scène Marcus Nispel rehausse le niveau avec son propre commentaire audio. Il s’y montre intéressant de bout en bout, abordant tous les sujets sur lesquels il est attendu dans ce genre d’exercice et toujours de manière sincère et pertinente. Entre le bagage cinéphile imposant qu’il affiche, et son seuil de tolérance élevé concernant ce qui est acceptable comme violence graphique et comme noirceur d’un héros, l’homme en lui-même se révèle fort sympathique. Par ailleurs, réaliser ce Conan lui tenait clairement à cœur et il l’a fait avec la plus grande implication, ce qui explique qu’il en ait réussi la mise en scène. L’entendre en parler (par exemple sur la structure de l’histoire imitant celle d’un jeu vidéo, avec des niveaux distincts conclus par des boss) réussirait presque à nous donner envie de plus l’aimer.

Conan, disponible le 17 décembre 2011. Distribué par Metropolitan Filmexport

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