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- Bellflower, de Evan Glodell (USA, 2011)
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A l’Orient-Express, puis à la maison, en DVD distribué par Zylo et obtenu via Cinetrafic dans le cadre de leur opération « DVDtrafic »
Quand ?
Lundi, à 14h
Avec qui ?
MaBinôme
Et alors ?
Après Martha Marcy May Marlene fin février, Bellflower a endossé fin mars le costume d’employé modèle du mois du cinéma indépendant américain, présenté comme le nouveau « phénomène ». Comme pour ses prédécesseurs, tous des « phénomènes » eux aussi, la machine du storytelling a turbiné à plein régime pour enrober la distribution du film d’une de ces belles histoires d’outsiders qui n’aspirent en définitive qu’à être repérés et adoptés par le système ; à vivre le rêve américain version Sundance. Bellflower est une confiserie qui nous est vendue avec son enrobage labellisé « aventure d’une vie ». Son auteur-réalisateur-interprète Evan Glodell bidouille des caméras et des objectifs depuis l’enfance, il a écrit le scénario à la suite d’une rupture amoureuse qui l’a anéanti, a mis plusieurs années à mener à bien son projet dans l’indifférence générale avant de rencontrer la consécration à… Sundance, évidemment.
Une fois le film déballé de son paquet cadeau, que donne-t-il à voir vraiment ? Pendant un long moment, une allure rugueuse et un esprit frondeur qui séduisent effectivement. Glodell mène de front deux récits qui correspondent aux deux tranches essentielles de la vie de son héros alter ego Woodrow : la fabrication artisanale en compagnie de son ami d’enfance Aiden de machines de guerre (un bolide customisé façon Mad Max et un lance-flammes) assurant leur domination sur un hypothétique monde post-apocalyptique ; et son histoire d’amour naissante et tonitruante avec Milly. On trouve alors à Bellflower une filiation de ton et de radicalité avec Fight club. Même dualité narrative confrontant les archétypes du meilleur ami fusionnel et de la fille qui vient menacer cette relation, même toile de fond où s’esquisse la férocité d’un monde sans merci dans lequel aucun des personnages ne trouve sa place, même déferlement d’effets de manche formels qui tiennent la route, et enfin même quête d’un échappatoire par le pire, révolution chez Fincher, apocalypse pour Glodell. Cette hérédité n’empêche pas l’œuvre de ce dernier de développer une identité propre, et forte. Celle-ci lui vient déjà de son déplacement géographique, à l’écart de la mégalopole surénergisée de Fight club, dans une zone périurbaine insignifiante et apathique, comme dévorée par le désert qui se trouve à ses portes et qui la recouvre intégralement de son étouffante teinte ocre. En phase avec ce cadre de non-vie, l’aigreur des individus qui le peuplent s’y exprime de manière plus refoulée, moins exubérante, mettant Bellflower sous la menace sourde d’une explosion brutale pouvant survenir à tout instant.
Quand cette déflagration intervient, ce n’est malheureusement pas l’univers du film mais le film lui-même qu’elle abîme. Après s’être approché au bord du précipice, Glodell manque du cran nécessaire pour s’y abandonner corps et âme et brûler tout ce qui pourrait le rattacher à la terre ferme. A la cohérence courageuse de celui qui va au bout des idées même les plus noires, il préfère la posture, au risque de finir dans l’imposture. La dernière demi-heure de Bellflower est un enchaînement de risques trop calculés, de coups de sang qui ont toujours conscience d’où se trouve la limite à ne pas franchir pour rester admissible par le système mainstream. Chercher à concilier ainsi l’acceptable et l’inacceptable n’est jamais une bonne idée, ce dont Glodell fait à son tour l’expérience en tirant alternativement dans toutes les directions potentielles qui s’ouvrent devant lui ; mais sans jamais aller suffisamment loin pour convaincre. La rage rentrée de son film devient bien tiède, et ses manifestations explicites tournent à la gesticulation stérile. C’est bien dommage après un départ si prometteur, et cela mérite tout de même un rendez-vous à son prochain essai, pour voir dans quel sens il aura résolu le dilemme qui pose problème ici.
Date de sortie du DVD : 4 septembre
Distribué par Zylo
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