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- Un jour de chance, de Alex De La Iglesia (Espagne, 2011)
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Au club Marbœuf, en projection de presse (le film sort le 12 décembre en salles)
Quand ?
Début novembre
Avec qui ?
Frédéric, de l’excellent podcast Kaboom l’émission
Et alors ?
Au fil des longs-métrages, on a pris l’habitude de ne jamais retrouver le remuant Alex De La Iglesia là où l’attendrait. A peine plus d’un an après la gargantuesque (et inégale) épopée en costumes Balada triste, son successeur Un jour de chance en prend autant que possible le contrepied. Son intrigue est contemporaine, aux enjeux nets, elle fait le choix d’un premier degré franc, et prend place dans un décor unique une fois l’introduction passée. Il s’agit du premier de ses films dont De La Iglesia n’a pas eu l’idée de départ, puisqu’il a adopté un scénario hollywoodien en souffrance de réalisateur. Il affirme l’avoir remanié, ce que l’on veut bien croire car même si l’histoire d’Un jour de chance a ses limites, elle paraît au-delà des capacités de son auteur officiel Randy Feldman, à qui l’on doit tout de même Tango et Cash et Le flic de San Francisco. Ancré dans l’actualité, Un jour de chance a pour héros un publicitaire au chômage (Roberto) qui, parce qu’il entre dans la catégorie des « seniors », se voit réduit à quémander du travail en sachant pertinemment que ses chances sont pratiquement nulles. Un énième refus, plus humiliant que les autres, est le déclencheur d’une suite d’événements rocambolesques au terme de laquelle Roberto se retrouve dans une situation critique, mais si spectaculairement insensée qu’elle en devient médiatiquement féconde. (Un peu comme les duettistes Copé et Fillon.) Cette première partie du film est excellente. Inventivité et célérité y sont de mise, dans les trouvailles d’aléas extérieurs s’imposant à Roberto autant que dans leur mise en scène ajustée avec brio par De La Iglesia. Le point culminant est atteint avec la révélation du lieu servant de théâtre au calvaire devant public de Roberto, faite au moyen d’un coup de maître cinématographique.
Le reste du film doit beaucoup à l’éclat de cet instant, qui va toutefois pâlir à mesure que le récit suit son cours. De La Iglesia met en place un cirque médiatique proche de celui du Gouffre aux chimères de Wilder, à ceci près que son centre de gravité y souscrit délibérément. Roberto appelle même de ses vœux son gonflement, obnubilé qu’il est par le profit financier unique que l’affaire peut lui apporter. Son épouse, à l’opposé, incarne la voix de la raison et de la dignité, qui n’évalue que l’aspect humain du drame et en aucune façon sa portée spectaculaire. Le caractère grinçant de la situation se voit canalisé, et en grande partie désamorcé, par cette confrontation rendue ouvertement dialectique entre ce qui est bien et ce qui est mal. C’est cette raideur éthique démonstrative qui affadit progressivement Un jour de chance, même s’il reste efficace et agréable. L’excellence de la réalisation de De La Iglesia y est pour beaucoup, et l’honnêteté du film joue aussi – il ne nous prend jamais en traître en se faisant passer pour une œuvre insolente avant de retourner médiocrement sa veste. La preuve que le film est au final globalement réussi est que l’on ne rejette pas en bloc sa dernière scène, qui donne pourtant le bâton pour se faire battre. On y voit Salma Hayek, qui interprète l’épouse et mère courage, refuser une valise contenant plusieurs millions d’euros en exhibant une décence morale outragée. Dans la vraie vie, Salma Hayek est Madame François-Henri Pinault.