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- The Green Hornet, de Michel Gondry (USA, 2011)
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Au ciné-cité les Halles, en 3D (obligé à Paris si l’on veut le voir en VO…)
Quand ?
Jeudi soir, à 22h30
Avec qui ?
MonFrère
Et alors ?
The Green Hornet marque la troisième embauche de Michel Gondry par une star comique hollywoodienne se situant légèrement en marge du noyau dur du système, et ambitionnant d’élargir son répertoire vers des choses plus spectaculaires et détonantes. Avec Jim Carrey, Eternal sunshine of the spotless mind fut une brillante réussite. Avec Jack Black, Soyez sympa rembobinez a été une déception mollassonne. Avec Seth Rogen, The Green Hornet est entre les deux, souvent emballant mais parfois perdant le fil et rentrant dans le rang. Contrairement à Carrey et Black, Rogen est la star mais également le coscénariste du film, en compagnie de son complice de toujours Evan Goldberg. Les succès des hilarants Supergrave et Pineapple Express ont ouvert au duo les portes du niveau supérieur, celui où sont rangés l’artillerie lourde et son arsenal de stars, effets spéciaux et rachat des droits d’œuvres préexistantes à adapter. C’est là tout ce dont on a besoin pour faire un film de super-héros grandeur nature, rêve de gosse (et en particulier des héros des deux précédents films écrits par Rogen et Goldberg) pour lequel les deux scénaristes plongent la tête la première dans le coffre à jouets et en ressortent avec, pêle-mêle, les personnages de la franchise Le frelon vert, un confortable budget explosions et images de synthèse, et Cameron Diaz.
L’allumage et la mise en orbite du film se déroulent de la meilleure des manières. James Franco vient en copain faire une courte apparition qui place The Green Hornet dans le prolongement direct de Pineapple Express, dont on retrouve le mélange casse-cou d’humour inconséquent et de violence crue. Rogen et Goldberg n’ont visiblement pas égaré la recette qui permet de le faire fonctionner, comme le prouve la dynamique baroque du duo qui se forme entre Britt Reid, futur Frelon Vert, et le « couteau suisse » Kato – ancien mécanicien et serveur de café du père de Reid, fertile inventeur de gadgets, expert en arts martiaux, etc. En somme, Kato est la synthèse de Batman, Alfred son valet et Lucius Fox son ingénieur ; et Britt est le compte en banque de Bruce Wayne. Mais Kato et Britt sont avant tout deux éternels adolescents immatures et pétris d’orgueil – le premier car il est génial, le second car il est riche – qui se tirent la bourre dans un Los Angeles transformé en bac à sable géant, en l’absence d’une figure forte représentant l’autorité et l’ordre. Ils sont capables d’être les meilleurs amis du monde comme de se jeter les pires horreurs (et les meubles) à la figure si les initiatives de l’un ont le malheur d’empiéter sur la vanité de l’autre. Rogen et Goldberg sont très bons pour écrire de tels personnages, et le fait nouveau de leur donner des ressources financières illimitées enrichit également leur éventail de gags.
Ce dérivé irrévérencieux de Batman a la chance d’avoir croisé la route d’un autre grand enfant talentueux, Michel Gondry. Son habileté de clippeur, une de ses facettes parmi d’autres, s’épanouit dans The Green Hornet comme dans aucun de ses longs-métrages précédents. A de multiples reprises il sait trouver l’idée de mise en scène, le morceau de musique et le rythme qui métamorphosent une séquence en un instantané de plaisir cinématographique (la drague dans le garage, la conception de la voiture du héros et de son Hornet Gun). Avec lui, le choix de faire d’une scène un montage n’est plus un pis-aller fuyant mais une délectable plus-value. Et sa collaboration avec Rogen semble ainsi mettre le film sur la voie d’une belle réussite, basée sur un détournement smart de l’archétype du super-héros dont les ficelles rappellent celles employées par le jeu vidéo No one lives forever dans son assaut de l’idole nommée James Bond. The Green Hornet a cependant un goût d’inachevé, la faute au virage qu’il prend à mi-chemin vers un traitement au premier degré de son sujet. Peut-être grisés par le fait d’être aux commandes d’un film de super-héros, le gang des potaches se laisse séduire par l’idée de faire pour de vrai un film de super-héros. Mais les qualités éprouvées des uns et des autres sont inopérantes dans ce cadre. Rogen et Goldberg copient laborieusement un trop-plein de poncifs rebattus (trahison, rapport au père, etc.) et se surchargent avec deux méchants bâclés au lieu d’un seul correctement écrit ; Gondry subit plus qu’il ne les orchestre des scènes d’action et de fusillades bien ennuyeuses.
Heureusement, la raison leur revient juste à temps pour ne pas conclure dans cette voie de garage mais sur un épilogue renouant avec ce que l’on aime dans The Green Hornet. Soit la combinaison d’une effronterie puérile, et d’une lucidité suffisante pour faire du personnage féminin – Lenore, la secrétaire de Britt – la vraie mine d’intelligence du récit. C’est le cerveau de la bande, et non la femme-trophée ; la voir rembarrer une fois pour toutes les avances de Kato puis de Britt est à ce titre un des aspects les plus réjouissants du film. Cameron Diaz, antithèse de la potiche hollywoodienne, est évidemment parfaite pour le rôle.
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