• Les mondes de Ralph, de Rich Moore (USA, 2012)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles, dans l’une des trois grandes salles (en VF et en 2D)

Quand ?

Mercredi, à 14h

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

L’affiche des Mondes de Ralph ment. Elle vend un équilibre des attraits supposés du film, faits pour séduire les deux publics disparates du jeu vidéo que sont les vieux loups de mer (les gamers, qui pratiquent depuis leur petite enfance passée au siècle dernier) et les marins d’eau douce, apprentis joueurs intermittents qui y mettent le même investissement que pour feuilleter un journal gratuit dans le métro. Pour faire du gringue aux premiers, sur la dite affiche sont mises en avant des icônes du passé : Sonic, Zangief, Dr. Robotnik, M. Bison… Ces personnages n’apparaissent qu’une seule fois chacun dans le film, au cours de la mise en place de l’univers calqué sur celui de Monstres et Cie. Une belle idée au demeurant, qui rêve que tous les personnages des jeux d’une salle d’arcade, les héros comme les méchants, les têtes d’affiche autant que les simples figurants, ont une vie propre en dehors de leurs horaires de travail consacrés à répondre au doigt et à l’œil aux commandes des humains mettant des pièces dans les bornes. Mais une idée mort-née, qui n’est réellement cultivée que le temps de deux délectables séquences – une réunion de méchants anonymes, suivie par la présentation de la Gare centrale des jeux – qui sont justement celles accueillant les guest stars citées plus haut. Une troisième et dernière scène valable est encore à mettre au crédit des Mondes de Ralph, avant de tirer le rideau : un mix tonitruant, et d’une noirceur inattendue, entre le jeu Call of duty et Alien.

Avec ces quelques miettes dans le ventre, les gamers sont censés survivre à la douloureuse traversée du désert qu’est l’heure restante de film. Ils ne sont pas les seuls dans ce cas – tout spectateur n’appartenant pas à la catégorie des filles hystériques de 6 à 10 ans doit se préparer à endurer le même calvaire. C’est le deuxième mensonge de l’affiche : la petite chose discrètement juchée sur l’épaule de Ralph est le véritable, et horripilant, personnage central de l’histoire. Répondant au nom invraisemblable de Vanellope, elle n’est pas [attention spoiler] le bug que l’on veut nous vendre (on apprendra au final, oh surprise, qu’elle est une princesse en bonne et due forme), mais elle parasite assurément le film à tous les niveaux. Dès l’instant où le récit pose le pied dans le jeu de Vanellope, l’infâme Sugar rush, rien ne va plus. Le titre de cet ersatz de Mario Kart a pour lui d’annoncer la couleur : tout dans cet univers est dégoulinant de mièvrerie condensée, le contenant – décors, musique – comme le contenu (les pilotes, les enjeux). Avec son graphisme insignifiant, son rythme abrutissant et sa bande-originale singeant les Black eyed peas, Les mondes de Ralph se situe au niveau des dessins animés low cost assurant le remplissage des grilles de chaînes tv jeunesse et des publicités criardes qui les interrompent. On se retrouve piégé devant un pur produit marketing, ciblé à l’extrême et dont la volonté d’être artistiquement présentable est nulle. Rien d’étonnant alors à ce que les velléités d’indépendance ou de droit à la différence y soient étouffées sans le moindre état d’âme. L’ordre social autant que conjugal (un mariage sortant de nulle part entre deux seconds rôles, héros de leurs jeux respectifs) est respecté le doigt sur la couture du pantalon.

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