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- La désintégration, de Philippe Faucon (France, 2011)
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Au MK2 Hautefeuille
Quand ?
Lundi soir, à 22h15
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
Rien n’est faux dans La désintégration, sur un sujet (les ghettos pauvres en périphérie des grandes villes et les jeunes, descendants d’immigrés pour la plupart, qui y croupissent faute d’une quelconque marque d’intérêt de la part de la société) pourtant miné et malaisé, sur lequel le cinéma choisit du coup de faire l’impasse plutôt que de risquer la déconvenue. Le cinéaste Philippe Faucon, habitué à placer sa caméra au milieu d’endroits et de thèmes que l’on trouve d’ordinaire plus commode de ne pas voir – d’où la discrétion non désirée dont souffre la diffusion de ses films (La trahison, Dans la vie) –, y va, lui. Sans peur : à aucun moment il ne rebrousse chemin dans son récit de la radicalisation de la hargne de trois jeunes allant de rejet en humiliation dans leur quête de la fameuse « intégration », et de sa récupération par un endoctrineur intégriste et instructeur de terroristes. Et sans reproches : Faucon est clairement conscient des raccourcis et généralisations à éviter à tout prix, et fait le nécessaire pour les désamorcer. Il dresse le portrait d’une réalité sociale hétérogène, dont ses personnages principaux sont une partie mais pas le symbole résumant tout ; on y trouve également des pratiquants d’un islam positif, des jeunes ayant réussi à s’intégrer professionnellement et sentimentalement, des filles émancipées.
Rien n’est faux, mais tout est étrangement inopérant. La mise en scène terriblement cheap, façon Plus belle la vie, n’aide assurément pas à sentir impliqué (et le manque de moyens qui grève le film comme l’essentiel du cinéma d’auteur français n’explique pas tout). Le personnage du recruteur non plus, déphasé car excessif comme un méchant de film de genre quand les autres évoluent avec une retenue naturaliste. Mais ce qui fait essentiellement problème dans La désintégration est une séquelle de l’obstination – louable, répétons-le – de Faucon à mettre tout et tous en perspective. Son intrigue se réduit de ce fait d’elle-même à un fait divers très spécifique, qui isole ses protagonistes (le concours de circonstances qui mène au terrorisme est extrême : ne pas trouver de débouché professionnel, plus être le seul de la fratrie à échouer ainsi, plus croiser la route d’un intégriste actif, etc.) et noie leur destin au milieu de quantité d’autres d’égale valeur. Le film atteint un degré de dépouillement psychologique – les personnages sont catégorisés, étiquetés au maximum – et narratif – aucun suspense – tel qu’il en devient simpliste comme un spot sur la sécurité routière ou les méfaits de la cigarette. L’effort était méritant, mais aboutit à un coup d’épée dans l’eau.
Malheureusement, je me sens essentiellement d’accord avec vous. Je dis malheureusement car j’avais aimé « Dans la vie », et que le travail de Faucon m’inspire beaucoup de respect, pour ce que j’en sais et comprends. Mais ce film me semble, comme vous l’écrivez, « inopérant », et même, oui, on n’est pas très loin d’un spot sécurité routière ou autre – la bêtise ou le mauvais goût en moins selon les cas, mais le très lointain rapport au cinéma n’en est pas si différent. Dommage.