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Les suppléments du DVD de 127 heures fonctionnent selon trois axes. Tout d’abord, il y a la dissection du travail technique accompli afin de répondre aux multiples défis pratiques de cette histoire, et de faire ressortir les motifs majeurs de celle-ci. Absence du motif de base qu’est le champ/contrechamp, prises uniques mais très longues pour couvrir les moments-clés (la chute dans le canyon, la coupe du bras), soulignement par la mise en scène des éléments thématiques majeurs (l’eau par exemple), décision de ne pas faire jouer à James Franco les flashbacks prenant place hors du canyon pour l’isoler nettement du monde extérieur : au total, c’est à une leçon de cinéma enrichissante et bien agréable à suivre que l’on a affaire. Dans le commentaire audio, Danny Boyle nous renseigne sur les grandes lignes de sa démarche, tandis que le making-of donne à voir la dynamique de collaboration qui s’est mise en place durant le tournage, Franco y traitant d’égal à égal avec le cinéaste. Le comédien a initié des choses (la modulation de sa voix), en a refusé d’autres (l’utilisation d’une prothèse de main gonflée)…
Le deuxième axe est celui de la description de libertés prises avec l’histoire vraie d’Aron Ralston. Elles sont bien plus nombreuses qu’on ne le penserait, et renforcent l’idée que 127 heures est un film qui possède son identité propre, une véritable fiction et non un simple produit dérivé / simili-témoignage de talk-show (Boyle insiste d’ailleurs à plusieurs reprises sur ce point, qu’il a réalisé une fiction et non un documentaire). Ce point mène naturellement au dernier axe, l’expression par le metteur en scène des motivations personnelles qui l’ont poussé à investir cette aventure pour en faire ce film. Lorsqu’il évoque dans le commentaire audio des idées telles que le mal que l’on fait autour de soi, la somme des choses que l’on prend pour acquises jusqu’au jour où soudain elles disparaissent, l’impossibilité de corriger les erreurs du passé, on sent que tout cela le touche intimement et que 127 heures est pour lui bien plus qu’un exercice de style.
Parmi les autres bonus, on trouve un documentaire retraçant le déroulement des opérations réelles de recherche et de sauvetage d’Aron. Assez sobre, il insiste essentiellement, et à raison, sur le hasard improbable du timing quasi parfait de tous les petits événements qui mis bout à bout ont permis ce sauvetage. Le seul scénario avec une issue positive est celui qui s’est déroulé. Cela donne le vertige… Quant aux scènes coupées, à une exception près (la description a priori par Aron de l’option de se couper le bras et de ses conséquences), elles valent uniquement par le soulagement que procure le fait qu’elles ne se trouvent pas dans le montage final. Aucune ne fonctionne réellement, ou n’a d’intérêt évident. C’est particulièrement le cas pour la fin alternative, qui contient dix minutes supplémentaires après la sortie du canyon – dix minutes où s’accumulent tous les défauts imaginables que le film évitait jusqu’alors. Chute dramatique du rythme, rupture dans la tonalité du récit, déluge de guimauve et de grandes phrases sentencieuses… La décision de réduire ces dix minutes en un montage de moins d’une minute sans dialogues (uniquement de la musique) sauve 127 heures, sans exagérer. Les cinéphiles curieux apprécieront cependant la découverte, tant il est rare de voir présenté dans un DVD un fragment si conséquent d’un montage d’origine ayant été finalement laissé de côté.