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- Blancanieves, de Pablo Berger (Espagne, 2012)
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Au ciné-cité les Halles, dans une petite salle affichant complet
Quand ?
Mardi soir, à 20h30
Avec qui ?
MonFrère et sa copine
Et alors ?
Le rapprochement est si facile qu’il est dans tous les esprits, alors autant s’en affranchir d’entrée : oui, Blancanieves a en commun avec The artist son concept plastique de réaliser aujourd’hui un film muet et en noir et blanc, à la manière d’il y a cent ans. Mais derrière cette façade, tout oppose les deux œuvres, de leurs dispositions vis-à-vis du cinéma d’antan à, bien sûr, leur résultat final – formidable côté espagnol quand il n’est que médiocre côté français. Une grande part de cet écart s’explique par la divergence des ambitions de départ. Dans The artist, la réplique fidèle des manières et maniérismes du cinéma muet est une fin en soi, une prison dorée qu’Hazanavicius érige lui-même autour de son film. À l’inverse, l’exercice de style entrepris par Pablo Berger avec Blancanieves vise autrement plus haut, et le schéma « muet + noir et blanc » y sert de tremplin. Le retour à un cinéma débarrassé du polissage des dialogues et de la couleur, qui nous le rendent plus familier, fait resurgir la forme brute de cet art, aux pouvoirs d’hypnose et de dérangement qui traversent la barrière de notre subconscient.
Cette mise à l’écart de la réalité domestiquée et de ses règles communes concorde avec le type de récit retenu par Berger. Le conte (ici Blanche-Neige), dans son état premier non aseptisé, altère le réel, bannit les convenances et pervertit la morale. C’est un cauchemar qui établit son monde et sa logique propres, au détriment de ceux qui ont le malheur d’être ses héros. Dans le monde où Blancanieves prend place, le conte de Blanche-Neige existe et est connu de tous ; un principe dont Berger use, avec talent, comme moyen de rendre encore plus cruelle l’infortune des protagonistes, condamnés à jouer à leur tour un drame qui se révèle plus grand et plus fort que leurs personnes. L’actualisation de l’histoire à un contexte singulier, un entre-deux suranné pour nous mais moderne au regard de la légende d’origine (l’Andalousie dans les années 1920), est une éclatante leçon artistique. Loin des clichés fainéants de Disney ou de l’heroic fantasy, Berger immerge sa Blanche-Neige dans une atmosphère fébrile de corrida et de flamenco, enchâssée dans la lumière brûlante et les paysages nus de ces terres semi-désertiques. Autant d’éléments qui se marient à merveille avec l’essence profonde du récit, où s’opposent une ardente soif de vivre et l’omniprésente ombre de la mort, car ils possèdent eux-mêmes cette ambivalence.
Ces matières sont de plus particulièrement cinématographiques. La lumière et les décors fixent un espace visuel impressionnant, que les techniques du cinéma muet reprises à son compte par Berger (noir et blanc aux forts contrastes, lyrisme accentué de la mise en scène) viennent renforcer naturellement. Dans ce cadre le flamenco et la corrida font office de catalyseurs dramatiques, actifs sur les deux niveaux du scénario et de la réalisation. Ils cristallisent, sous une forme pure, les émotions extrêmes vécues par les personnages, jouissances, catastrophes, angoisses générant un suspense terrible. Et pour cela ils font corps avec les instruments de base de la mise en scène, la bande-son et le découpage. Saisissante et obsédante, la musique est vitale dans Blancanieves, mais c’est néanmoins à travers son montage que ce dernier bouleverse le plus. L’art du montage constitue la matrice du cinéma, c’est lui qui affirme le ton et l’allure d’un film. Blancanieves en est une manifestation virtuose, qui refuse toute modération dans ses effets violents et brillants – qu’il s’agisse d’actions en parallèle, de montage saccadé jusqu’à l’implosion, de la grande boucle reliant le climax du récit à son ouverture. Le montage, c’est la vie (et la mort).
Ou? : au cinéma
Quand? : au début de la séance
avec qui? : 2- autres spectateurs.
Et alors? :
1ere surprise : Blancanieves ne parle pas français! mais est ce un problème dans 1 film muet (même en VO il est muet)
2eme surprise : le début : renversant
3eme (bonne) surprise : y a des gens qui chante en tapant des mains et en jouant de la guitare (çà doit pas être les mêmes qui font les 2)
Dommage : on voit pas la méchante Encarna se faire détruire par le gentil taureau (qu’on a pris soin de gracier auparavant)
4eme surprise : blanche neige ne se réveille pas à la fin (snif)
Bref : superbe. Tout colle : l’image et le son unis pour rendre cette « violence » andalouse