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- Walkyrie, de Bryan Singer (USA, 2008)
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Où ?
Au MK2 Quai de Loire, dans une bien petite salle
Quand ?
Dimanche soir à 22h, après une première tentative infructueuse à 16h30 (toutes les salles du cinéma étaient alors complètes)
Avec qui ?
Ma femme
Et alors ?
Chose promise, chose due : après Sam Mendes, c’est au tour d’une
autre révélation instantanée des années 90, Bryan Singer (Usual suspects, puis X-Men et Superman returns…), de passer sur le grill de ce blog
(tremble, Bryan, là bas dans ta maison immense de Los Angeles !). Finaud, Singer a prévu le coup et désamorcé pas mal des attaques possibles en sortant de sa retraite – forcée ? – précisément le
scénariste de Usual suspects, Christopher McQuarrie, dont l’on était sans nouvelles depuis The way of the gun, son premier film en tant que réalisateur aussi
génial que passé complètement inaperçu.
Ce n’est donc pas encore aujourd’hui qu’il sera possible de se faire un avis définitif sur le cas Singer ; surtout que, comme Usual suspects, Walkyrie est avant
tout un film de scénariste. Dans les deux cas une machination est à l’œuvre, et dans les deux cas un improbable et stimulant équilibre est obtenu entre l’énormité du but visé – voler 91 millions
de dollars dans Usual suspects, « blow up Hitler » dans Walkyrie – et la distanciation avec laquelle est mené le récit. A sa manière,
Walkyrie est tout autant un gigantesque flash-back que Usual suspects : nous connaissons en effet en entrant dans la salle le point final du film, à savoir
l’échec du complot fomenté par des généraux de l’armée allemande pour en finir avec le IIIè Reich. La réalisation de Walkyrie tient donc du numéro de funambule en équilibre sur un
fil, le film devant nous faire oublier la réalité historique deux heures durant… tout en étant tenu par la stricte obligation de la respecter.
Walkyrie en ressort étonnamment resserré sur l’essentiel. A l’exception de la scène d’ouverture (le bombardement d’un poste avancé allemand par des avions Alliés en Afrique du
Nord) et du goût toujours marqué d’Hollywood pour les reconstitutions historiques luxueuses – aucune décoration ne manque sur les uniformes nazis, pas plus qu’aucun objet dans les décors -, la
sobriété est de rigueur. C’est un film fait de discussions dans des bureaux, de coups de téléphone, d’ordres transmis par la voie hiérarchique. On peut être gré à Singer d’avoir su respecter cet
aspect fondamental du film, et de suivre avec application les préceptes hitchcockiens en matière de suspense pour nous maintenir en haleine d’un bout à l’autre (mission globalement accomplie,
donc) ; on peut aussi regretter légèrement qu’il n’ait pas plus cherché à s’approprier l’œuvre, à y apposer sa patte. La scène finale d’exécution des conjurés, climax
particulièrement cinégénique, aurait pu illustrer une telle prise en main ; filmée sans réel génie, elle s’avère bien inférieure à la séquence similaire du récent Lust, caution.
Rigide dans sa forme et peu ambitieux dans son intrigue, Walkyrie ne serait rien de plus qu’un sage et honnête film de série de studio s’il n’offrait des rôles aussi passionnants
à des interprètes aussi talentueux. Le casting est sans faute, et d’une grande homogénéité tout en laissant chacun de ses membres tirer son épingle du jeu le temps d’une scène ou grâce à un trait
de caractère saillant – pour n’en citer qu’un, Bill Nighy (plus connu pour ses participations aux pochades Shaun of the dead et Hot fuzz) est épatant en couard
craquant au pire moment. Sur cette troupe d’acteurs règne bien entendu Tom Cruise, qui ne cesse de se bonifier avec l’âge et le choix de projets de plus en plus audacieux. Ses collaborations avec
Spielberg (Minority report, La guerre des mondes) et sa reprise en main de la franchise Mission : impossible avaient déjà bien entamé l’image
de héros parfait physiquement et exemplaire moralement. Avec Walkyrie, l’acteur va un cran plus loin en incarnant un personnage mutilé d’entrée de jeu (lui manquent un œil, une
main et deux autres doigts) et sombrant dans une aliénation mentale aveuglante à mi-film, lorsqu’il se convainc d’avoir réussi à tuer Hitler. La prise de risque est suffisamment notable, et son
exécution suffisamment convaincante pour donner à Walkyrie le supplément d’âme qu’il lui fallait.