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Où ?
A la maison, sur la VOD Canal+
Quand ?
Vendredi soir
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
C’est un peu une surprise de retrouver ce Tyson au milieu du container de films diffusés chaque mois par Canal+, un an après sa projection à Cannes (dans la sélection parallèle Un
Certain Regard) et sans l’avoir vu passer par les cases « diffusion en salles » et « sortie DVD ». Il faut croire qu’après ses frasques multiples et ses come-backs de moins en
moins crédibles, le nom de Mike Tyson ne fait vraiment plus vendre. Dommage, car ce documentaire sans contenu superflu (1h25 bien serrée) est doublement intéressant – même s’il fait initialement
très peur, par le montage hystérique que Toback impose aux premières minutes, avec split-screen à gogo et superposition de plusieurs pistes sonores légèrement décalées les unes par
rapport aux autres. Il se calme heureusement très vite, et laisse simplement parler Mike Tyson en agrémentant ses paroles d’extraits de combats et d’images d’archives rares (entraînements,
combats de jeunesse) exhumées d’on ne sait où.
L’intérêt évident de Tyson tient à la confession sans retenue qu’effectue l’ex-boxeur à cette tribune qui lui est donnée. Derrière l’image médiatique de la « bête » qui
mettait ses adversaires K.O. en trois coups, qui fut condamnée pour viol et qui mordit deux fois l’oreille d’Evander Holyfield, on découvre une histoire triste et classique. Celle d’un gamin
pauvre de Brooklyn un peu benêt, mal dans sa peau, embarqué dans la criminalité parce que c’est comme ça que ça se passe dans le quartier, et qui croit trouver dans la boxe le chemin de la
rédemption et du succès honnête – avant de comprendre à ses dépends qu’on trouve autant de personnes malintentionnées dans les domaines légaux qu’ailleurs. Agents véreux et adversaires truqueurs
accélérèrent ainsi les chutes et rechutes de celui qui fut le plus jeune champion du monde des poids lourds de l’histoire de la boxe, mais qui n’a jamais appris à être autre chose qu’un gosse
naïf et, au fond, innocent. Lequel admet qu’il est le premier responsable de ses ennuis à répétition en raison de sa propension à profiter de la vie sans se fixer de limites (argent qui lui
brûle les doigts, goût immodéré pour les femmes, indolence fatale lorsqu’il s’agit de s’entraîner sérieusement). Le format du long-métrage documentaire donne le temps et les moyens d’être
convaincu, et touché par la sincérité de Tyson.
Le film prendrait toutefois par moments des airs de discours de pénitence à une réunion des alcooliques anonymes, s’il ne traçait en filigrane le portrait de ce qu’est devenue la boxe, hier sport
noble aux champions bigger than life (Joe Louis, Mohammed Ali) et aujourd’hui pompe à fric actionnée par les promoteurs et ayant perdu toute respectuosité. Activement, bien
qu’inconsciemment, Tyson a précipité cette chute – qui était peut-être inévitable – par ses débordements sur le ring (parodies de combats acceptées uniquement pour l’argent, morsures d’oreille
dont la place est sur un ring de catch) et en dehors, du comportement de petit caïd mafieux aux condamnations judiciaires. Cette culpabilité involontaire fait de Tyson un héros tragique, dans la
lignée de tous ceux, réels ou fictifs, qui ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis.