- Accueil
- Dans les salles
- Cinéastes
- Pas morts
- Vivants
- Abdellatif Kechiche
- Arnaud Desplechin
- Brian de Palma
- Christophe Honoré
- Christopher Nolan
- Clint Eastwood
- Coen brothers
- Darren Aronofsky
- David Fincher
- David Lynch
- Francis Ford Coppola
- Gaspar Noé
- James Gray
- Johnnie To
- Manoel de Oliveira
- Martin Scorsese
- Michael Mann
- Olivier Assayas
- Paul Thomas Anderson
- Paul Verhoeven
- Quentin Tarantino
- Ridley Scott
- Robert Zemeckis
- Roman Polanski
- Steven Spielberg
- Tim Burton
- USA
- France
- Et ailleurs...
- Genre !
- A la maison
- Mais aussi
- RSS >>
- Tokyo !, de Michel Gondry, Leos Carax et Bong Joon-Ho (Japon, France, Corée, 2008)
Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!
Où ?
Au cinéma des cinéastes
Quand ?
Dimanche après-midi, à 14h, entre le déjeuner et le thé chez des amis
Avec qui ?
Ma femme
Et alors ?
Tokyo ! est un film à sketches ayant pour thème rassembleur une grande capitale mondiale. Il prend le contrepied de son prédécesseur Paris je t’aime en
compilant des créations de cinéastes qui n’aiment pas la ville en question. Il en ressort un film non plus mignon et totalement anecdotique mais critique et saillant – d’ailleurs, il ne
sort pas sous le soleil de l’été mais dans le temps changeant et menaçant de l’automne. Changeants et menaçants, deux adjectifs qui s’appliquent aussi aux trois courts-métrages qu’il nous est ici
donné de voir, parmi lesquels deux sont plutôt réussis et le dernier est un coup de génie dévastateur.
Michel Gondry en ouverture et Bong Joon-Ho (Memories of murder, The host) en clôture proposent des sketches dont le principal défaut est d’avoir une ambition plus
adaptée à la durée d’un long-métrage. Tous deux démarrent leur récit sur un mode très réaliste, le premier en suivant l’installation laborieuse d’un jeune couple dans la mégalopole, entre petits
boulots navrants et logements exigus ou insalubres, le second en décrivant tel un entomologiste le stade ultime des complexes et névroses de la société tokyoïte – les hikikomori, ces
gens qui se terrent 24 heures sur 24 chez eux et refusent toute vie sociale. L’alchimie entre acteurs, dialogues et mise en scène (légère et insouciante chez Gondry, précise et réfléchie dans ses
moindres détails pour Bong) fonctionne à plein dans ces expositions de situations, avant qu’autour de la 20è minute de film le producteur vienne tapoter l’épaule de chaque réalisateur en lui
soufflant « il te reste 10 minutes, emballe-moi tout ça ». Le basculement du scénario vers le fantastique que chacun des deux hommes gardait dans sa manche, ainsi que ses conséquences,
sont dès lors expédiés d’une manière qui n’en gâche pas tant la réussite immédiate – ça reste très cocasse et onirique dans le premier cas et inquiétant dans le second – que l’effet à long terme.
Le Gondry semble gratuit, et chez Bong l’ambition sentimentale trébuche dans une niaiserie regrettable.
Contrairement à ces deux « jeunots » qui cherchent à se fondre dans le projet (par exemple avec des noms de sketches en anglais), Leos Carax crie un grand
« Merde ! » – et en fait son titre, et le nom de son héros. Celui-ci, interprété sans réserve par son acteur fétiche Denis Lavant, est un être humain improbable (pieds
nus, costume vert, barbiche méphistophélique, œil de verre) qui sort un beau jour des égouts de Tokyo pour semer la terreur dans les rues. Cela consiste d’abord à voler aux passants leurs fleurs
et leurs billets de banque (pour les manger), leurs cigarettes (pour les fumer) et autres objets (pour les balancer au sol) au cours d’un travelling au ras du sol, incroyable déflagration
d’énergie enfin libérée et de mauvaise humeur gratuite. La suite sera du même allant, à cheval entre le délire – l’avocat joué par Jean-François Balmer, seul à comprendre le langage parlé par
Merde – et le grinçant – la deuxième phase des agissements de Merde est déclenchée par la découverte d’une caisse de grenades de l’armée japonaise datant de la Seconde Guerre Mondiale.
Par bien des aspects, Merde est une création semblable au monstre de The host : son improbabilité et son irréductibilité à la domestication en font une source intarissable de
trouvailles cinématographiques et de critiques acerbes sur l’état du monde. En ce sens, le Japon encaisse les coups de Leos Carax au nom de tous les pays développés : montée des
nationalismes, rejet épidermique des étrangers, justice transformée en mascarade vengeresse, oubli des leçons tragiques du passé (la résurgence, via les égouts, des années 1930 comme dans
The host le résultat des déversements de produits toxiques revenait lui aussi par le même chemin). En une demi-heure, Carax fait le tour de ces sujets et en tire un pamphlet
remarquable de concision et de virulence. Par-dessus le marché, il en profite pour faire au passage son Redacted, s’amusant comme un fou avec les possibilités
de manipulation de l’image numérique, des split-screen à gogo à l’incrustation d’images de synthèse en passant de temps en temps en mode « YouTube » ou « téléphone
portable » avec des plans volontairement de piètre qualité, captés sur le vif par des protagonistes / témoins d’une scène. Intelligent, cohérent, frappant, Merde ! ridiculise
un peu la concurrence. Voire carrément beaucoup.
nnngock cacakl TAK TAK TTTTTGGGGGGRRRR!
FFFFFFFFFF
TTTTTT ï-O ï-O waklm