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- Thirst, de Park Chan-wook (Corée du Sud, 2009)
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Où ?
Au ciné-cité les Halles, dans une des petites salles (et oui, le cinéma d’horreur, ça ne marche toujours pas commercialement en France !)
Quand ?
Mercredi soir
Avec qui ?
Mon frère et sa copine
Et alors ?
Le film de vampires est immortel. C’est en tout cas ce que l’on se dit pendant la première heure de Thirst, qui voit le cinéaste coréen Park Chan-wook recombiner avec son brio
habituel divers ingrédients du genre en un récit original. Et qui ne nous est révélé qu’à petites doses : la contamination du héros Sang-hyun par transfusion sanguine, le caractère
« médical » de sa malédiction (sa peau se couvre de pustules puis se putréfie lorsqu’il commence à se trouver en manque de sang humain), ses techniques de survie, et enfin son
rapprochement mi-fortuit mi-désiré avec l’objet féminin de ses convoitises – tant de vampire que d’être humain – apparaissent au sein du film sans préambule, et leur amalgame en un récit homogène
et indivisible ne s’opère qu’a posteriori. La référence est étonnante, mais cette façon de ne pas donner immédiatement toutes les clés au spectateur rappelle fortement les films de Billy Wilder.
Park et ce dernier partagent en plus deux péchés mignons auxquels ils sont incapables de résister : un humour mordant qui n’hésite pas à rire des protagonistes lorsqu’ils se retrouvent dans
des situations inconfortables (dans Thirst, la découverte par Sang-hyun que l’exposition au soleil n’est pas une bonne chose pour lui), et simultanément un romantisme parfaitement
sincère et volontiers fleur bleue – le long plan sur le visage radieux de l’héroïne emmenée dans les bras de son amant dans une succession de sauts d’immeuble en immeuble. La différence de taille
entre les deux cinéastes est que Wilder se servait essentiellement du dialogue pour parvenir à ses fins, quand le langage de Park est fondamentalement visuel. Comme à la grande époque de son
Sympathy for Mr. Vengeance, on ne compte plus dans Thirst les séquences muettes ou presque où la construction de l’action et le
sens qu’elle revêt transitent par des mouvements complexes d’appareil, un usage épatant de la profondeur de champ, et des coupes dont la rareté accroit l’importance. Plus qu’un prix du Jury un peu fourre-tout, c’est un prix de la Mise en scène qu’aurait
dû obtenir Park.
Les multiples dilemmes moraux (succomber aux plaisirs de la chair ou non ? tuer ses semblables ou non ?) qui accompagnent la nouvelle existence de Sang-hyun là où l’ancienne, en tant
que prêtre, était de ce point de vue très tranquille, montent de fait en épingle de scène en scène – citons en particulier une scène de sexe en deux parties très convaincante, et une discussion
animée survenant au plus mauvais moment, juste avant de passer à l’acte du meurtre. Une fois ce dernier sommet atteint, il se transforme en plateau duquel Park ne parvient plus à décoller. C’est
alors à un autre de ses films avec le mot « vengeance » dans le titre auquel on pense : Lady Vengeance, qui présente le même profil frustrant mettant bout à bout
des séquences inspirées et plaisantes si on les prend séparément, mais qui ne font avancer aucun projet narratif commun. Du coup Thirst ne fait pas que stagner ; il régresse
peu à peu tandis que sa conclusion se rapproche et que toujours aucune profondeur scénaristique ne se fait jour. La folie à deux en huis-clos du couple principal, hanté par le fantôme de leur
victime, nous déride encore franchement sur une note ambivalente très bien tenue ; ensuite, le jeu de mah-jong qui tourne au jeu de massacre ne nous fait plus vraiment d’effet, et la fin,
pourtant brillante plastiquement ainsi que dans son exécution (à nouveau une scène quasi muette), sonne creux. On ne peut que souhaiter que Park, après donc maintenant trois films consécutifs
marqués par ce même délitement du récit au fur et à mesure qu’il se déroule (entre Lady Vengeance et Thirst, Je suis un cyborg présentait également le défaut, mais de
manière moins marquée), revienne à la rigueur inspirée de Sympathy for Mr. Vengeance et Old boy.