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- The informant !, de Steven Soderbergh (USA, 2009)
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Où ?
A l’UGC Odéon
Quand ?
Samedi après-midi
Avec qui ?
Ma femme et mon compère de films de festivals (cette fois dans le rôle du compère de crêperie)
Et alors ?
Ne jamais oublier que Steven Soderbergh n’arrêtera jamais d’être un sale gosse. Suite à ses deux remarquables réflexions critiques sur l’idéologie capitaliste, Che et The girlfriend experience, on croyait voir en lui un nouveau chef
de file des cinéastes américains affranchis et polémiques. Et le voilà qui revient sur nos écrans, pour la troisième fois en moins d’un an (un record, même pour le stakhanoviste aux vingt films
en vingt-et-un ans qu’il est), avec un long-métrage qui donne fortement l’impression d’avoir en bonne place dans ses objectifs de casser cette image. Exactement comme un adolescent rebelle que
l’on féliciterait pour son assiduité dans une matière et qui, par pur esprit de contradiction, rejetterait le compliment en criant au mensonge, en tirant la langue, en montrant ses fesses voire
les trois à la fois.
The informant ! retrace l’histoire – vraie – d’un cadre dirigeant d’un mastodonte de l’industrie agroalimentaire qui a collaboré avec le FBI pour démonter un vaste système
d’entente sur les prix entre son employeur et ses concurrents. Jusque là, rien qui ne dénote à la tradition hollywoodienne progressiste de se faire le héraut des redresseurs de torts, de
Révélations en Erin Brockovich (signé… Soderbergh). Ce qui dénote, et pas qu’un peu, c’est que le chevalier blanc de The informant !, Mark
Whitacre, est un candide de compétition. Ce qui se traduit en mode mineur, par des poussées de totale naïveté (jusqu’au bout il pense pouvoir garder son poste haut placé dans la société) et
d’ininterrompues divagations rêveuses (une voix-off omniprésente nous fait partager ses pensées, le plus souvent sans rapport avec la situation présente – riche idée comique) ; et de
manière plus embarrassante, par l’absence de tout souci de modération ou prise de conscience du mal de ses actes au moment de s’embarquer dans sa propre arnaque personnelle dans le dos et de sa
boîte et du FBI.
Whitacre n’est certainement pas un disciple de Che Guevara qui se dresse toute vertu dehors contre les abus criminels des puissants, mais il n’est pas non plus comparable au couple central de
The girlfriend experience, dont le but assumé est de profiter à son tour sans vergogne de cet argent présent en masse qui semble attendre que quelqu’un se penche pour le
ramasser. C’est un crétin, et pas un crétin gentil comme il en existe tant au cinéma ; mais un crétin absolu, sans notion de bien et de mal, contre lequel bute toute analyse et toute prise
de position potentielle du film. Entre cette ingénuité intégrale et le carcan de sobriété imposé par la nature hollywoodienne du projet (Soderbergh est ici autrement plus près de la neutralité
plan-plan de Erin Brockovich que des expérimentations de The girlfriend experience), The informant ! est privé de toute marge de manœuvre
qui lui permettrait de dépasser l’horizon de la farce superficielle. L’intégration de gadgets motivés uniquement par le plaisir de les élaborer et par l’effet de surprise créé chez le
spectateur – Matt Damon caché sous sa moustache, sa moumoute et ses quinze kilos en plus, ou le style visuel années 70 / COGIP alors que le récit se situe dans les années 90 – accrédite dès
lors la thèse d’une récréation. Et/ou d’une blague de sale gosse surdoué, qui nous fait effectivement bien rire sur le moment mais n’aura aucun poids à l’heure d’examiner son bulletin de notes
final.