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- The expendables, de Sylvester Stallone (USA, 2010)
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Où ?
Au ciné-cité les Halles pour la première heure puis, suite à une coupure de courant et à un sérieux cafouillage au moment de relancer le film (d’abord en en ayant zappé une quinzaine de
minutes, chiffre réduit de moitié après un rembobinage en direct – mais toujours pas à la bonne scène, donc), chez moi par mes propres moyens
Quand ?
Dimanche, en début d’après-midi puis en fin de soirée
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
Les blockbusters estivaux ont une vie éphémère, exception faite des rares qui parviennent à muer en phénomènes de société qu’il faut avoir vu et donc que tout le monde va (re)voir. C’est un fait
connu, mais qui surprend toujours quand on le voit se produire de près, par exemple en allant jeter un œil à Sexy dance 3D (critique bientôt) et à The
expendables lors de leur troisième semaine d’exploitation. Il y a quinze jours encore, l’un comme l’autre étaient de rutilantes machines soutenues par de massives campagnes
marketing et prenant d’assaut les plus grandes salles des multiplexes. Maintenant, ils sont anonymement relégués dans des salles exiguës que les derniers curieux encore intéressés – et qui ne les
ont pas déjà oubliés – remplissent à peine à moitié. Si Sexy dance 3D ne mérite effectivement pas vraiment mieux que cet abandon expéditif, il en va autrement pour
The expendables.
Il est sidérant de voir la façon définitive dont ce dernier a été classifié d’avance comme « nanar » fondamentalement dérisoire, sans la moindre chance d’échapper à cette case, et
Inception comme « grande œuvre » adulte et de valeur. Tout ça parce que Stallone et non Nolan est aux commandes, et parce
que la velléité d’action y est affichée au premier degré. Pourtant, une fois le vernis clinquant de Inception raclé, les deux films se résument au même programme :
des hommes qui se battent à coups de poings et de flingues plus ou moins gros, dans des combats qui s’étirent sur une durée inversement proportionnelle à l’intérêt des raisons qui les motivent.
Et les femmes sont bien sûr réduites au rang d’accessoires. Alors, quitte à faire du blockbuster fin années 80 – début 90 (ce qui a été la tendance lourde de cet été américain : énièmes
suites de Toy
story et Shrek, remakes de Karaté kid et Piranha…), The
expendables a au moins l’honnêteté de le faire à visage découvert et sans atermoiement.
Car le film de Stallone est très loin d’être la nostalgique réunion d’anciens combattants suggérée par son casting long comme le bras d’ex-stars et seconds couteaux du cinéma bourrin d’il y a
vingt ans. Ce casting est sur le papier un gadget, un bonus, et il le reste à l’écran où son emploi se limite à enrichir les scènes d’exposition (la confrontation Stallone / Willis /
Schwarzenegger, brillante) et de transition, pour lesquelles les apparitions de Mickey Rourke post-Wrestler font merveille. Le reste du temps c’est l’action, et elle seule, qui prime ; les histoires personnelles sont remisées
au placard – Statham en a une expédiée en deux scènes, celle de Li reste à l’état d’embryon évoqué mais jamais montré, et tous les autres, Stallone compris, n’en ont pas, point barre – où elles
rejoignent les phases de récupération d’informations et d’élaboration de tactiques, abolies. Il faut que ça explose, que ça saigne, que ça fasse du bruit et du dégât. The
expendables est un gonzo du film d’action, condensé à l’extrême, qui enchaîne ses scènes choc en s’accordant tout juste le temps de les introduire et en prenant soin de surenchérir
de l’une à l’autre. La manœuvre « fry and die » de Statham et Stallone puis la poursuite en voiture et le combat à mains nues Lundgren – Li, pourtant spectaculaires et
imposantes, ne sont ainsi que des hors-d’œuvre précédant le plat de résistance qu’est l’assaut final contre la base des bad guys de service. Approchant les vingt minutes (sur les
quatre-vingt-dix que dure le film), la séquence est une orgie définitive de cinéma d’action old school, rassemblant tous les procédés et tous les passages obligés du genre. C’est livré
absolument sans réserve, comme un shoot d’adrénaline pure, et c’est donc absolument jouissif.
A son échelle, et à l’image de Coppola avec Tetro, Stallone affirme à travers The expendables qu’il n’a aucune intention de passer la main à plus
jeune que lui. Les derniers Rocky Balboa et John
Rambo en date, faits par lui-même, soldaient les comptes de ces personnages symboles d’un passé révolu. The expendables n’est pas la fin de quelque chose
mais un nouveau départ de feu. Le recrutement de l’anglais Jason Statham et du chinois Jet Li dans des rôles de soutien alors qu’ils étaient censés être la relève est la preuve de l’ambition de
Stallone ; et le fait que les deux hommes y trouvent là leur plus gros succès au box-office (exception faite de la participation de Li à L’arme fatale 4 comme
méchant / faire-valoir du duo Gibson-Glover) est la preuve de son bien-fondé. Stallone aurait d’autant plus tort de se priver de revenir sur le devant de la scène du cinéma d’action que son
nouveau film accomplit une reconquête en bonne et due forme des acquis du jeu vidéo d’action moderne, d’inspiration cinématographique. Une mission qui n’est qu’un prétexte au déferlement de coups
et d’explosions, une importance toute particulière donnée aux membres de l’équipe et aux aptitudes spécifiques de chacun, des ennemis qui déferlent par vagues tant que l’on n’a pas atteint la fin
du niveau et qui ne sont pas des personnes mais des cibles : The expendables est la réponse jubilatoire du berger cinéma à la bergère vidéoludique. Le film d’action
et Stallone sont bel et bien indissociables, puisque le second ne peut ressusciter sans entraîner le premier dans son sillage. Vivement la suite.