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- Steak (de Quentin Dupieux, 2007) : le point de vue de Thomas Langmann, producteur-réalisateur d’Astérix aux Jeux Olympiques
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Où ?
A la maison, en DVD zone 2
Quand ?
Le week-end dernier
Avec qui ?
Ma femme, qui m’a menacé d’aller faire autre chose si le film était trop mauvais… et qui est restée rire jusqu’au bout.
Et alors ?
Bonjour, moi c’est Thomas Langmann. Mon papa c’est Monsieur Claude Berri, un grand producteur de cinéma ; alors moi aussi, je joue au grand (?) producteur de cinéma. Enfin, de produits
cinématographiques on va dire. Car moi, l’art, la tonalité personnelle, tout ça, ça me parle assez peu. Du coup, quand je décide de mettre mon nom dans la case « réalisateur » d’un
film, ce n’est pas poursuivre la lubie de papa de faire des films « intimes » mais pour bien m’assurer de la fadeur générale du produit. C’est la clé, la fadeur : regardez mon
Astérix que je viens de produire et de coréaliser, et le Mission Cléopâtre d’Alain Chabat, et dites-moi lequel est le plus exportable des 2 sur
différents marchés et segments. Et ouais, c’est le mien, parce que c’est le plus fade des 2, alors que celui de Chabat déjà moi je ne comprends rien à la moitié des blagues, alors imaginez un
allemand ou un polonais. Bon, je vais faire à peine la moitié de ses entrées en salles en France (7 millions contre 14), pour un budget 2 fois plus élevé, mais je suis sûr qu’à terme je saurai
imposer ma solution aux abrut… pardon, au public.
Mais assez parlé de moi, si l’on m’a invité sur ce blog c’est pour évoquer Steak, un truc écrit et réalisé par un certain Quentin Dupieux et joué par Éric & Ramzy.
Ces gars là, j’avais bien aimé leurs 2 derniers produits (Double zéro et Les Dalton) : bien fades comme il faut, avec une bonne insistance
sur le segment visé – le 1er film vise les ados, on met des filles en string partout, le 2nd est pour les mioches, en avant les blagues infantilisantes au ras des pâquerettes. Visiblement, les 2
comiques n’étaient pas de mon avis, à les entendre dans leur interview en bonus du DVD traiter les réalisateurs de ces 2 films de « vendeurs de yaourts ». En prime, ils ont
l’air sincères quand ils défendent Steak et remercient ce Dupieux de leur avoir fait découvrir « l’art ». Je préférerais encore chopper le tétanos que
d’avoir ce genre de révélation, tiens.
Pour mieux cerner ce fameux Dupieux, je me suis lancé dans l’écoute de son commentaire audio. Cet homme est un dangereux révolutionnaire – pas étonnant que la jaquette du DVD arbore fièrement une
citation de ces bolchéviques mangeurs d’enfants des Cahiers du Cinéma. Bref, figurez-vous que Môssieur Dupieux a un haut niveau d’expérience, et cherche dans ses films à « créer
un monde », comme si le cinéma servait à ça. Il se pose des questions sur le montage, le cadre – j’ai plusieurs fois failli m’étouffer face à cet étalage obscène de plans-séquences et
de plans larges. Sans aucune considération envers les chaînes de télé coproductrices, cet « artiste » a voulu faire un vrai film de cinéma, plutôt qu’une pochade vite écrite, vite
tournée, vite consommée et compatible avec la case prime-time sur une télé 36 cm. Quand il a commencé à employer des mots comme « lugubre » ou « pathétique »
pour définir la tonalité de certaines scènes, j’ai arrêté ma torture de peur de vomir.
A contrecœur, je me suis finalement lancé dans le visionnage du film proprement dit. La seule qualité que je lui trouve, c’est sa fin abrupte au bout d’1h15, qui m’a permis d’échapper à un 3è
acte du même acabit que les 2 premiers. Au cours de ceux-ci, Steak ne choisit jamais un ton clairement identifiable et commercialisable ; il préfère mélanger, au
gré de détours scénaristiques et d’improvisations incongrues, une méchanceté froide et inquiétante, des gamineries puériles, un humour pince-sans-rire déroutant et toute une série de décalages
jamais remis en question. Ainsi, la différence d’âge entre les acteurs et leurs rôles (ils sont censés être à la fac) ou les imbrications entre la France – langue employée, provenance de la
plupart des acteurs – et l’Amérique – lieu de tournage – sont assumées et semblent même nourrir activement les ambitions artistiques du réalisateur. Moi, personnellement, je trouve que tout ça
n’a pas d’avenir.
Je vais vous toucher 2 mots de l’histoire, quand même. Éric et Ramzy y sont donc des étudiants losers, limite déséquilibrés mentalement (pour un résultat parfois comique, parfois grinçant), qui
sont prêts à tout pour intégrer le groupe des Chivers, les rois de la fac qui ne jurent que par un hygiénisme extrême : visage lifté, ne buvant que du lait, ne fumant pas, ne sortant qu’avec
des filles siliconées. Quentin Dupieux s’amuse à dérouler toutes les variations comiques possibles de personnages et de concepts dans ce monde où tout ce qui importe est faux, retouché ou
corrigé, et où ce qui est vrai n’a plus ni gravité ni portée. De la part de quelqu’un qui place Buñuel au sommet de son panthéon cinéphile, pouvait-on attendre quelque chose de moins tordu et
amoral (pas vendeur du tout ça, l’amoralité) ?
Enfin, le rédacteur de ce blog ne me laisse pas le final cut sur mon texte, puisqu’il tient à évoquer 2 passages qui l’ont fait « hurler de rire », ce pauvre bougre. D’abord
une réplique : alors qu’Éric et un SDF truand à la petite semaine en fauteuil roulant – joué par le chanteur Sébastien Tellier – tentent de voler une voiture, 2 flics arrivent et leur
demandent ce qui se passe (cf. capture ci-dessus). Réponse du SDF, qui satisfait les policiers qui poursuivent leur route : « tout va bien, je suis simplement en train de réaliser
une fellation sur monsieur ». Bon… et le 2è (capture ci-dessous) : l’une des 2 scènes coupées, sketch loufoque qui présente des rapports sexuels déplacés dans ce monde parallèle
sur le terrain des soins capillaires. Scène complètement gratuite donc immettable dans le film, mais complètement barrée et donc complètement « géniale » (je reprends ses mots, là).
Très… concept, comme article
Tu avais déjà fait le coup avec « Charlie’s Angels 2″, ce me semble