• Sept vies, de Gabriele Muccino (USA, 2008)

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

Où ?

A la maison, sur Canal+ à la demande

Quand ?

Dimanche après-midi

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

On est sans nouvelles de Will Smith depuis deux ans et demi maintenant (une éternité pour un acteur star d’Hollywood) et ce Sept vies. Lequel film a donc été le point final d’une séquence peu concluante de la carrière du comédien, où celui-ci aura démontré une capacité à choisir de bons projets inversement proportionnelle à son immense talent devant la caméra. Pour tirer les bénéfices de son statut de bankable, il a participé à trois blockbusters de science-fiction construits sur son nom, et oscillant entre l’anecdotique et le détestable (I, robot, Je suis une légende et Hancock). Pour décrocher cet Oscar que l’académie lui refuse, il a tourné deux mélodrames au masculin – un choix en soi très audacieux, et dont la première tentative de concrétisation, A la recherche du bonheur, était d’ailleurs plutôt une réussite. Mais toujours sans statuette au bout, un échec à la suite duquel Smith s’est obstiné dans sa démarche avec Sept vies : même réalisateur, même orientation du récit vers un mélange de souffrance et de sacrifice excluant toute autre émotion. On parle là d’un drame à l’état pur, pas d’une comédie dramatique light, diluée.

Quiconque s’attaque à ce genre de gageure entre en terrain extrêmement miné. Le couloir dans lequel passer en évitant à la fois le « trop » et le « pas assez » est en effet très étroit. Sept vies s’en éloigne rapidement, et largement, du fait de son scénario se déployant avec une légèreté de pachyderme, tout entier dévolu à la cause du « trop ». L’affliction portée par le sujet aurait largement pu – et dû – suffire : Ben, responsable de la mort de sa femme (les circonstances et l’intégralité des effets de l’évènement en question sont dévoilées tardivement par le film, chose que je vais respecter en n’en disant pas plus) se dévoue corps et âme au bien-être d’inconnus en grande détresse. Mais que je respecte ce choix du scénario de faire du déclencheur de la quête de Ben un mystère révélé par blocs fragmentaires ne signifie pas que je le soutiens ; bien au contraire. Je le trouve méprisable, car superflu et en cela irrespectueux vis-à-vis du héros et du public. On est là dans l’artifice complet, aux antipodes de la vérité des émotions que le film ambitionne d’éveiller. Plus globalement, c’est toute la traduction du synopsis en un récit étoffé qui souffre d’une pesanteur écrasante. Les handicaps des cibles de Ben, qui vont tous par deux ou trois pour affliger chacune de ces personnes, les recettes piquées au cinéma hollywoodien le plus quelconque qui soit (l’embryon de romance, complètement incongru), les rouages alambiqués du plan de Ben… tout cela nous met à distance, contre notre gré.

Le seul qui nous empêche de décrocher complètement, c’est Will Smith. Son jeu est tout ce qu’il y a de vrai dans Sept vies, allant à rebours de l’étalage de facticité qui l’encercle. Smith est capable de nuances incroyables dans la retenue ou l’expression de la douleur, de la détermination, de la dignité de son personnage. En grand acteur qu’il est indéniablement, il sauve Sept vies du naufrage. Mais le prochain grand film à la hauteur de son talent (et qui sera alors le premier depuis Ali, il y a dix ans) n’est pas pour tout de suite : le seul long-métrage inscrit pour le moment sur son agenda est Men in black 3… et encore, pour l’été 2012.

Laisser un commentaire