• Push, de Paul McGuigan (USA, 2009)

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Où ?
A l’UGC Orient-Express, dans la grande salle qui affichait complet les deux fois où j’ai tenté d’y aller (la première fois je suis donc rentré chez moi, la seconde j’ai pris l’une des dix
dernières places)

Quand ?
Mardi soir

Avec qui ?
Seul

Et alors ?

La distribution bâclée dont a « bénéficié » Push (seulement trois cinémas sur Paris) a quelque chose d’atterrant. En attendant l’adaptation de Watchmen,
qui drague avec lui autant d’espoirs que de craintes, Push remplit en effet le créneau des films de super-héros au-delà de toutes les attentes, en l’orientant vers ce qui pourrait
bien être un des thèmes dominants de 2009 : le désenchantement de ceux qui pourraient tenir le rôle de modèle, leur choix volontaire d’une mise en retrait – voire en retraite. Les héros de
Push sont exactement dans cette situation lorsque débute le récit. Leurs pouvoirs (télékinésie, vision du futur, persuasion mentale), qui n’ont rien d’unique mais sont partagés
par plusieurs indvidus de par le monde, leur semblent plus être un embarras qu’une aubaine. En conséquence, ils se sont réfugiés dans les dédales de ruelles et d’immeubles de Hong Kong pour
échapper à l’enrôlement d’un bord ou l’autre du conflit entre une agence intergouvernementale mondiale et la mafia – mondiale elle aussi.


La première audace lumineuse de Push est ainsi d’avoir trois forces en présence, et pour autant aucune d’entre elles n’est affublée de la qualité de gentil ou de méchant. Le film
carbure dès lors intégralement à l’énergie de ses péripéties, dans une instantanéité permanente qui renoue avec une certaine conception virginale du cinéma. Les causes et les conséquences ne
comptent plus, seule importe la griserie de raconter une histoire extraordinaire et de se laisser porter par son souffle. Les capacités spéciales des héros ainsi que leurs traits de caractère
rapidement ébauchés servent uniquement à nourrir les besoins en combustible de l’intrigue (et les combinaisons des unes et des autres sont suffisamment nombreuses pour ne jamais tomber deux fois
sur la même), au lieu de ralentir celle-ci en cherchant des moyens d’étoffer ces aspects alors que l’on sait très bien qu’une fois les lumières de la salle rallumées, ils ne nous importeront plus
jamais. Le scénario de Push s’engouffre dans cette voie avec un culot remarquable, préférant être trop sibyllin – on ne saisit pas toujours pleinement la stratégie des
protagonistes, ou l’enchaînement entre deux séquences – que trop transparent afin de ne jamais laisser la flamme s’éteindre. La conclusion du film, à la fois abrupte et ABSOLUMENT au bon moment,
est la dernière et meilleure de toutes les bonnes décisions prises tout au long du récit.

Le choix rafraîchissant et plein de potentialités visuelles de Hong Kong comme lieu de l’intrigue soutient pleinement cette ligne de conduite. Il en est de même pour le casting, qui joue à plein
sur l’angle misfits d’acteurs suffisamment charismatiques pour que l’on s’attache à eux et pourtant juste ce qu’il faut banals pour coller à leurs personnages. Cela peut être étudié (Djimon
Hounsou en agent fédéral en costume) ou naturel – Dakota Fanning, la mignonne petite fille de La guerre des mondes, désormais en plein âge ingrat ; le duo Chris Evans – Cliff
Curtis de Sunshine, le premier aussi sexy que paumé et le second trop malin pour paraître
honnête. En outre, tous les acteurs de Push ont une liberté d’initiative inhabituelle pour le genre, étant peu soumis au diktat des effets spéciaux, ici relativement absents. Cela
découle bien sûr en partie du budget limité, mais aussi d’une volonté évidente de choisir des pouvoirs simples à exprimer via des moyens cinématographiques classiques mais efficaces au possible -
et de limiter ceux-ci en faisant des protagonistes de médiocres super-héros, incapables de tirer le maximum de leurs capacités. On retrouve là le caractère désaxé des personnages, de même que le
désenchantement général du film. Surtout lorsque le choix est fait de conserver cette maladresse jusqu’au bout. Nos héros ne progressent pas personnellement ni ne font du monde un meilleur
endroit ; ils veulent juste préserver leur tranquillité et leur intégrité. Un positionnement qui se discute, mais qui a le mérite de l’honnêteté et qui renouvelle le genre l’air de rien, en un
éclair.

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