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- Pour elle, de Fred Cavayé (France, 2009)
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Où ?
A la maison, sur la VOD Canal+
Quand ?
Dimanche soir
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
S’il n’avait laissé son sens moral au vestiaire, Pour elle pourrait presque prétendre au statut de digne héritier de l’œuvre à suspense de Sir Alfred Hitchcock. Le
réalisateur et scénariste Fred Cavayé sait faire simple, et s’en tenir à une poignée d’éléments forts pour construire son thriller. Soit un acteur (Vincent Lindon, idéal en homme ordinaire
embarqué dans une entreprise extraordinaire), et une atmosphère (assurée par une belle photographie atone, donnant à voir un monde vidé de ses couleurs vives), tous deux au service d’une idée
forte – faire non pas un film de réhabilitation mais de compromission. Quand sa femme (Diane Kruger) est condamnée pour un meurtre qu’elle n’a pas commis, et que tous les recours légaux ont
échoué, la mission que s’assigne Julien (Lindon) n’est pas de remuer une dernière fois ciel et terre pour faire éclater la vérité ; c’est de faire évader son épouse pour fuir avec elle à
l’autre bout du monde.
Le film puise dans cet engagement absolu, qui pousse Julien à se dépouiller successivement de tous les attributs de sa vie normale (logement, appartement, relations humaines…), une efficacité
radicale, animale. La source est intarissable, générant d’éclatantes scènes de suspense à tous les actes du récit, de la charge initiale des policiers à l’évasion finale, où Cavayé inverse
habilement les rôles – l’homme pourchassé qui a notre sympathie est le criminel, et ceux qui sont toujours à deux doigts de l’attraper sont les policiers intègres. Pour
elle remplit donc sa mission, simple à décrire mais compliquée à réaliser, de nous tenir en haleine. Cela suffit largement à nous faire passer outre les quelques défauts hérités du
cinéma français mainstream, tels une musique bonne à rien et des seconds rôles exagérés. Ce n’est par contre pas assez pour dissiper l’effet du déficit moral du film, qui projette son
héros dans la délinquance la plus sombre, sans filet – Julien n’a aucune certitude quant à l’innocence de sa femme, uniquement son intime conviction –, et considère ne pas avoir à traiter la
portée de ses actes.[SPOILER] Or le fait de tuer un homme et d’être directement responsable de la mort d’un autre exige un tel traitement, dès lors que l’on fait un film
s’affirmant comme réaliste et non pas grand-guignolesque. Ou alors on se retrouve dans la compagnie – peu plaisante –
des vigilantessans scrupules.