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- Phénomènes, de M. Night Shyamalan (USA, 2008)
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Où ?
A l’UGC Normandie, dans la salle Prestige
Quand ?
Mercredi, le soir de la sortie
Avec qui ?
Ma femme et mon compère d’UGC (après une longue pause due à l’absence de films potables)
Et alors ?
Shyamalan, le petit génie du tournant
du siècle (Sixième sens, Signes et surtout Incassable à la suite et à à peine 30 ans), remonte doucement la pente. Pardon à ceux qui les adorent,
mais à mon sens ses 2 derniers films – Le village et La jeune fille de l’eau – étaient particulièrement décevants et trahissaient un sérieux manque d’inspiration
et de renouvellement. Phénomènes contient encore des séquelles de cette brutale baisse de régime, ainsi que quelques autres sujets de regrets ; mais Shyamalan y retrouve par
ailleurs une part suffisamment importante de son talent égaré pour impressionner et effrayer – par intermittence.
L’idée de départ de Phénomènes est tout simplement géniale. Une mystérieuse épidémie frappe soudainement la côte Nord-est des USA, qui pousse les gens de tous âges et de toutes
origines à se suicider. En réalisateur habile, Shyamalan leur fait choisir une mort particulièrement cinégénique : ils se figent sur place, répètent faiblement les dernières paroles énoncées
avant l’attaque, et cherchent autour d’eux le moyen le plus immédiat de se donner la mort – tout cela en l’espace de quelques secondes. Le principe (qui, au passage, offre à la figure du
mort-vivant son renouvellement le plus spectaculaire depuis des lustres) est tellement parfait que Shyamalan l’emploie sans modération pour nourrir son film en séquences-choc. Les plus
emblématiques étant un plan-séquence au ras du sol, où des gens récupèrent l’un après l’autre un revolver tombé des mains de la personne s’étant tuée devant eux ; et un plan fixe large d’une
grande quiétude, où un homme s’assoie au milieu de la route et choisit soigneusement parmi les débris de verre qui l’entourent de quoi se tailler les veines.
Cette litanie de suicides apparemment irrévocable, et filmée avec une telle impassibilité, confère à Phénomènes une formidable tristesse. La sentence de mort est tombée sur
l’espèce humaine, décrétée par une puissance invisible et omniprésente dont la nature est assez vite révélée. C’est là une autre des qualités du film : il privilégie une explication
savamment pensée (et très darwiniste, comme le dit Shyamalan) et mise en place pièce par pièce à un twist final brutal et facile. Si les autres aspects du scénario avaient été aussi
soignés, Phénomènes aurait eu sa place au panthéon des séries B de luxe. Il aurait fallu pour cela que Shyamalan se donne la peine, dans la tradition du genre, d’écrire un
véritable 2è acte qui remette à plat les enjeux du film et relance la tension et les personnages sur des pistes inattendues. Il aurait également fallu des personnages beaucoup mieux écrits que
ces ébauches mal dégrossies, peu crédibles et à la psychologie incohérente d’une scène à l’autre. Dans de telles conditions, seul Mark Wahlberg surnage – et encore, pas dans toutes les scènes.
Phénomènes nous laisse donc sur un sentiment mitigé, à cause d’une fichue incapacité à tenir ses belles promesses.