• Omar m’a tuer, de Roschdy Zem (France, 2011)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles

Quand ?

Mardi soir

Avec qui ?

MaFemme

Et alors ?

Omar m’a tuer est un nouvel exemple manifeste de l’adage (quasiment un théorème mathématique) voulant que plus un sujet de film est massif, plus le résultat à l’écran est pesant. Les intentions de Roschdy Zem quand il décide de s’attaquer à l’affaire Omar Raddad sont évidemment inattaquables ; mais ses aptitudes de metteur en scène, uniquement éprouvées à l’occasion du mineur Mauvaise foi, ne sont pas de taille. La fermeté de son engagement en faveur du jardinier marocain, la sincérité de son plaidoyer qui épouse sans réserve la thèse de l’innocent condamné à tort s’expriment ainsi à l’écran avec une maladresse criante. Les juges sont hargneux et patibulaires, la vie en prison n’est faite que d’entraide entre des détenus qui se serrent les coudes.

Plus gênante que cette naïveté de fond (qui n’est en somme qu’une version plus appuyée d’un phénomène qui se retrouve chez de grands réalisateurs, Mike Leigh, Ken Loach…) est l’impuissance de Zem à faire fonctionner son récit à deux voies – la captivité et la bataille judiciaire de Raddad d’un côté, la contre-enquête menée par le journaliste Jean-Marie Rouart de l’autre. Les horizons de chacune des parties étaient déjà difficilement conciliables sur le papier : d’un côté le docu-fiction de reconstitution d’un fait divers, de l’autre Le mystère de la chambre jaune (avec le même Denis Podalydès en trublion enquêteur). La concision difficilement explicable du film (84 minutes, générique compris) vient en plus renforcer le problème. Toutes les scènes se voient comprimées, tous les enchaînements expédiés. Au lieu de laisser respirer ses personnages et situations, qui y auraient gagné en puissance et en émotion, Zem les réduit jusqu’à l’os. Il n’y a dans Omar m’a tuer que le minimum vital permettant d’entretenir un semblant de cohérence et d’équilibre à l’édifice pris dans son ensemble. Cette politique d’austérité, qui s’exprime parfois de manière presque grossière (la séquence d’introduction qui sacrifie la crédibilité de ses protagonistes au nom de la lisibilité des enjeux ; l’ellipse assez sidérante au moment de l’arrivée de Jacques Vergès sur l’affaire), étouffe toute possibilité d’empathie, ce qui n’était assurément pas le but du réalisateur. De même qu’il ne souhaitait certainement pas faire à ce point d’Omar Raddad un second rôle de sa propre histoire, au bord de disparaître tant il est rejeté dans l’ombre de tous ceux qui agissent en son nom – journaliste, avocats, interprète, etc. Tel est le résultat contreproductif d’une œuvre intègre, mais qui fait fausse route en se focalisant trop sur les faits et pas assez sur les individus.

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