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- Nuages d’été, de Mikio Naruse (Japon, 1958)
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Le chef-d’oeuvre du coffret Naruse de Wild Side est censé être Nuages flottants, mais j’ai personnellement préféré les Nuages d’été (je n’ai pas pu accrocher au déferlement sans fin de catastrophes s’abattant sur les pauvres héros de Nuages flottants). Comme dans les deux autres films, ce qui frappe d’entrée est le don de Naruse pour poser en 10 minutes un univers en tous points (géographie, économie, voisinage, familles) cohérent et tangible, ainsi que les conflits qui vont le tordre pendant les deux heures à venir. Ici, il s’agit des difficultés de deux familles de paysans japonais face à la réforme agraire mise en place par le gouvernement dans les années 1950. Pas vraiment le genre de sujet dont nous, occidentaux du 21è siècle, nous sentons a priori proches, mais dont la déclinaison dans le récit nous touche au final énormément car il s’agit de la mise en application d’un thème plus global, et visionnaire à l’époque : le fossé qui se creuse de plus en plus vite entre la modernité galopante et la transmission de valeurs et de savoirs au sein d’une famille.
On trouve trois camps dans Nuages d’été. Les enfants qui aiment leurs parents mais veulent vivre leur vie selon leur propre agenda (université, mariage, exode vers la ville… en un mot, indépendance) ; les parents qui ne comprennent pas et s’arc-boutent sur leurs croyances dépassées par les faits, tel le patriarche dont le grand oeuvre était d’avoir prévu dans les moindres détails l’évolution professionnelle et conjugale de chacun de ses quatre enfants ; et les parents qui ne comprennent pas mais acceptent de baisser les armes, voire même d’aider de leur mieux (la tante veuve très jeune et du coup moins modelée par les carcans de la société).
Naruse ne juge pas, il observe avec une curiosité bienveillante comment tous vont s’en sortir par le haut. Il ne divise pas les gens de manière irréversible, mais cherche au contraire leurs points de convergence, et les compromis auxquels ils peuvent parvenir – même si ceux-ci ne sont bien sûr pas atteignables sans douleur. À l’image de son titre, Nuages d’été est un film confiant, ensoleillé (le passage à la couleur change radicalement le ton par rapport aux deux opus noir et blanc du coffret), où les petites peines s’effacent lorsque l’on prend du recul pour voir que le tableau d’ensemble est beau – sans niaiserie aucune. La scène finale de réunion de la famille autour d’une tâche commune évite ainsi tous les poncifs attendus, et l’optimisme qui s’en dégage n’a rien de frelaté.
Pour finir, citons deux phrases des très instructifs bonus du coffret :
« La photographie est une nuance lumineuse captée par la pellicule »
« Naruse est le cinéaste de l’essence du quotidien »