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- Non, je ne suis pas tout le temps devant Lost…
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Je regarde aussi d’autres séries comme Fringe et Gossip girl. Après un silence d’un mois, Fringe a
repris fin janvier, en même temps que Lost. Le cliffhanger jubilatoire sur lequel la série nous avait laissé, centré sur le recyclage d’un principe fondateur de la
science-fiction aussi spectaculaire que le tour de roue dans Lost, était une démonstration exemplaire de ce que j’avais signalé dans ces lignes comme autant la différence
fondamentale entre ces deux séries : l’une joue sur la temporisation et la lente montée en puissance (quatre saisons pleines avant de tourner la roue), l’autre est en constant excès de
vitesse (dix épisodes et déjà un personnage se té… chut !!). En 2009, la boulimie de concepts, de scènes d’action tonitruantes et de revirements d’allégeances de Fringe ne
semble pas devoir se calmer. Il ne faut pas dix minutes de l’épisode 11, celui de la reprise, à la belle héroïne Olivia Dunham pour échapper à ses ravisseurs ; une demi-heure plus tard,
l’affaire de son enlèvement est quasiment classée et appartient à l’histoire ancienne.
De quoi passer l’esprit libre au douzième épisode, The no-brainer, qui emprunte aux X-files l’inénarrable tradition d’enchaîner à partir d’un épisode lié à la mythologie
de la série sur une histoire totalement déconnectée des révélations qui viennent juste d’être faites. Toujours sur le modèle des X-files, l’épisode en question est aussi
délectable qu’il est anodin. Prenez une idée choc, visuellement peu ragoûtante mais en même temps très ludique (un virus informatique en forme de vidéo qui liquéfie le cerveau de ceux qui la
visionnent) ; mettez derrière cette idée un méchant complexe, autant à plaindre qu’à blâmer, et si possible interprété par un acteur de talent (ici Chris Bauer, le poignant Frank Sobotka de
la deuxième saison de The wire) ; ajoutez
quelques touches d’implication personnelle forcée des enquêteurs (quand la nièce d’Olivia Dunham devient une cible), et vous pouvez servir, selon un rythme le plus soutenu possible. La recette a
fait ses preuves des dizaines de fois au cours des aventures des agents Mulder et Scully, rien ne s’oppose donc à ce qu’elle fasse de The no-brainer un épisode très divertissant de
Fringe.
Le cas Gossip girl est plus roublard. Alors que
Fringe ne fait en définitive qu’assumer plus que les autres séries du même type ses marques distinctives, et se savoure dès lors au premier degré, Gossip girl est
plus dans une logique de noyautage, une sorte d’agent double révélateur. Cette nouvelle série de Josh Schwartz (le créateur de Newport beach), qui en est à sa deuxième saison aux
USA, joue dans un genre – le soap-opera de flirts adolescents – qui n’a pas pour habitude d’afficher aussi frontalement ses rouages, ses codes, ainsi que les intentions profondes de ses
personnages. Premier constat, la richesse obscène et obtenue du simple fait de leur naissance dans laquelle vivent ces garçons et ces filles de l’Upper East Side de New York (deux mots
suffisent : Cinquième Avenue) n’est ainsi jamais camouflée ni atténuée. Elle éclabousse en permanence le cadre, le sature de robes de créateurs et de diamants immenses, transforme la vie en
une succession de fêtes et transforme chacune de ces fêtes en un événement grandiose, bal masqué ou sortie en club sexy&sassy insurpassable jusqu’à l’épisode suivant. Les scénaristes
de Gossip girl ne cherchent pas à adapter leurs personnages pour les rapprocher de leur public ; ils demandent à celui-ci de se faire au mode de vie des personnages.
Laquelle vie, si elle repose sur certaines bases universelles de leur âge – premières passions amoureuses, présence étouffante des parents -, sait les traiter sous un nouveau jour en portant un
regard juste et franc sur des choses habituellement passées sous silence. Le rapport des héros au sexe, à la consommation de drogue et d’alcool, à la pression extrême de conditionnement de leur
environnement social, forme un ensemble détonant dans le paysage audiovisuel. La bande d’ados de Gossip girl nous semble loin par les circonstances, mais terriblement proche par
une dramaturgie qui, jusqu’à présent (j’en suis arrivé au huitième épisode), ne souffre d’aucun essoufflement ou renoncement à ses exigences initiales. Si l’on tient en plus compte de la
stylisation travaillée avec succès de la série (mise en scène qui vise à être plus qu’illustrative du script, usage d’une voix-off à la Dickens infiniment plus intelligente et caustique que dans
le tout venant des séries américaines), celle-ci tend à être la première série « pour ados » à pouvoir prétendre à l’élite tout court – et non pas simplement à l’élite de sa catégorie.