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Où ?
A la maison, en épisodes récupérés (très peu de temps après leur diffusion sur ABC
Quand ?
Jeudi soir
Avec qui ?
Ma femme et mon frère
Et alors ?
Si vous avez laissé tomber Lost en cours de route, ou que vous n’avez même jamais commencé, il est encore temps de récupérer le coffret DVD de la saison 4 (le minimum vital, le
reste peut attendre) et de rattraper le train en marche de la meilleure série de ce début de millénaire alors que la saison 5 démarre aux USA. La saison 4 – chroniquée ici et là par exemple – était un chef-d’œuvre de concision, d’urgence, de
frénésie, de génération permanente de danger et d’inconnu. Le bouleversement opéré au basculement d’avec la saison précédente (les Oceanic Six, les flash-forwards, « we have to go back
! ») y ouvrait un champ vertigineux de récits d’espionnage, de conspiration, d’action pure. Pour la nouvelle année, les cerveaux Damon Lindelof et Carlton Cuse ne procèdent pas
autrement – ou, au contraire, procèdent complètement différemment : l’île a bougé, John Locke est mort (ou pas), et le grand plongeon dans la science-fiction frôlée de plus en plus près jusque là
peut avoir lieu.
Pour bien marquer le coup, et en plus d’une séquence d’ouverture encore plus fabuleuse que tout ce que l’on a pu fantasmer, les scénaristes font dire aux personnages une bonne demi-douzaine de
fois au cours du premier épisode qu’ils ont voyagé dans le temps, qu’ils vont le faire ou encore qu’ils doivent le faire. Plus tard, à la fin du deuxième épisode, c’est une scène sur le papier
complètement casse-gueule de recadrage « scientifique » de l’intrigue qui passe comme une lettre à la poste. Entre temps, de nouvelles règles du jeu sont établies en surimpression d’une action
menée tambour battant – le premier épisode file en un clin d’œil, le second est illuminé par un assaut aussi dantesque que mystérieux à coups de nuées de flèches enflammées. On en oublie la
disparition du système narratif à base de flash-backs ou flash-forwards « simples », centrés sur un individu précis. Face à ces nouvelles règles, les personnages sont répartis en deux
groupes : ceux qui connaissent les règles et donc les moyens de les plier (citons déjà Ben, Faraday, Richard) et ceux qui les subissent (tous les autres). Par un astucieux renversement de
tendance, Lindelof et Cuse indiquent au spectateur qu’il est appelé à faire partie de la première catégorie : dans les premières minutes, une réplique de Ben disant qu’ils ne seront jamais ce qui
s’est passé sur l’île après le départ des Oceanic Six est immédiatement suivi par une scène nous montrant précisément le début des mésaventures de ceux restés sur l’île.
Comme elle a pu le faire précédemment avec Alice au pays des merveilles,
Le magicien d’Oz ou encore Stephen King, Lost nous rappelle intelligemment à quel point elle est une série cultivée (et qui a su assimiler ses références) en faisant
œuvre de filiation directe avec le livre culte de Kurt Vonnegut, Abattoir 5, via le concept de « unstuck in time » directement repris à ce roman. Le plus fort, c’est
que cette bifurcation nous apparaît comme aussi naturelle que toutes celles qui l’avaient précédée. Cela doit principalement au fait que Lost ne perd jamais de vu sa raison
d’être, sa « constante » : ses personnages. Toujours plus attachants et passionnants, ils semblent devoir cette année fonctionner par couples – Sawyer et Juliet, Daniel et Desmond,
Locke et Richard, Ben et Jack. Chaque duo a sa dynamique propre, ses secrets, ses épreuves à affronter. La profusion scénaristique que la série peut y puiser est phénoménale, surtout que des
recombinaisons sont bien évidemment à prévoir – les retrouvailles Locke – Sawyer, si peu de temps et pourtant une éternité après Cabin fever, sont bouleversantes, de même que la
rencontre entre Ben et … (chut !).
Plus Lost avance, et plus il devient évident que rarement – jamais ? – une série n’aura autant été réfléchie en amont de sa diffusion, afin de fournir à l’écran le récit le plus
cohérent possible. Du coup, on en vient à se demander – à rêver – que dans la foulée de la saison 4, les saisons 5 et 6 qui clôtureront le show ne forment avec elle qu’un gigantesque et
ininterrompu climax, à la puissance proportionnelle au temps sciemment pris pour mettre en place tous les éléments nécessaires au cours des 3 premières saisons. Pour l’instant, entre
l’irruption d’une nouvelle « ère » de l’histoire de l’île (après les années 2000 et 1970, l’immédiat après-guerre ?) et la promesse d’une fin rapide du premier acte du destin des Oceanix Six, ce
vœu ne semble en tout cas pas devoir être révoqué de suite.
et le duo Hugo-Saïd, renforcé par un flash back