• Meurtres à la Saint-Valentin 3D, de Patrick Lussier (USA, 2009)

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!




Où ?

Au MK2 Bibliothèque, l’une des quelques salles parisiennes à projeter le film dans sa version 3D

 

Quand ?

Mercredi soir

 

Avec qui ?

Mon frère et sa copine (*chut !*)

 

Et alors ?

 

Le distributeur français de Meurtres à la Saint-Valentin a bien fait d’ajouter la mention « 3D » en grand sur les affiches ; le film n’existe en
effet que dans ce seul but, être le premier film d’horreur à présenter avec le nouveau procédé de cinéma en relief ses effets gore et autres sursauts faciles. Le contrat est tout ce qu’il y a de
plus rempli, grâce à l’utilisation comme arme des crimes d’un outil idéalement adapté à la 3D : la pioche de mineur (avec comme variante la pelle). Sur ce point au moins, Meurtres à
la Saint-Valentin 3D
place la barre très haut car il paraît difficile de trouver mieux, dans la forme acérée de l’outil autant que dans ses séquelles – mâchoires qui volent, yeux que
l’on extrait de leurs orbites, etc. Pour notre plus grand plaisir, la carotte que représentait la projection en relief a d’ailleurs complètement désinhibé le réalisateur Patrick Lussier (auteur
de films horribles et monteur d’autres qui l’étaient à peine moins) et ses producteurs. Ils se fendent d’un film d’horreur assumant franchement ses orientations brutales et immodérées – des corps
découpés, des boyaux à l’air, du sang qui gicle – et adoptant un rythme soutenu pour décimer sa troupe de protagonistes. La 3D est la cerise rouge sur ce gâteau sanguinolent, loin de ces
innombrables projets fadasses qui s’autocensurent pour venir quémander à la commission de classification une interdiction plus clémente (Moins de 17 ans sauf si accompagnés, au lieu d’un Moins de
17 ans strict).

 



Dès qu’il n’y a plus de pioche à l’écran, l’intérêt du film baisse de plusieurs tons. Les premières scènes entrouvrent bien des pistes prometteuses, en mettant les héros à la merci d’un
hors-champ accablant – un carnage perpétué dix ans auparavant et dont l’on ne voit que des bribes ; les péchés enfouis des pères dont ils sont supposés prendre le relais ; et même
l’actualité réelle qui pointe son nez au détour d’un dialogue expliquant que la fermeture d’une mine pour des raisons de rentabilité entraînerait la mort à petit feu de toute la ville. Mais très
vite, Meurtres à la Saint-Valentin 3D revient sur les rails d’un récit brillamment vide de sens et d’un classicisme frôlant la fouille archéologique. Ce scénario à haute teneur en
fausses pistes et en surgissements impromptus de personnages nous ramène à l’époque pas si lointaine (dix ans), et pourtant définitivement révolue, où Scream était l’étalon du
genre horrifique. L’application loyale de recettes aussi dépassées s’avère tout à fait déstabilisante. Elle permet cependant à Meurtres à la Saint-Valentin 3D de montrer, sur un
cas extrême, que le cinéma en relief n’a probablement pas d’autre avenir viable que pour ce type de films pop-corn, qui ont plus en commun avec un grand huit de fête foraine qu’avec du
« vrai » cinéma.

 



Il me faudra bien sûr me faire une deuxième opinion dans d’autres circonstances (film choisi, salle, matériel), mais le procédé mis en œuvre a encore pas mal de progrès à faire pour ne pas
détourner l’intérêt du spectateur sur des détails techniques – les lunettes sabotent ainsi le travail du directeur de la photo, en ternissant l’image et en faisant baver les couleurs dès qu’une
scène se déroule dans la pénombre. Le seul domaine où semblent pouvoir éclore des longs-métrages véritablement marquants et profitant à plein de la 3D est celui des dessins animés et, par
extension, des films tournés entièrement ou presque sur fond vert, avec le moins de prises de vues réelles possibles. L’excellent Coraline, vu à New York et dont je parlerai plus
en détails lors de sa sortie française le mois prochain, est à ce jour le meilleur ambassadeur possible du cinéma en relief. Sauf si vous préférez les coups de pioche.

 

Note : non, les photos qui accompagnent cet article ne sont pas en 3D. Même en les regardant avec des lunettes ridicules.

 




 

Les commentaires sont fermés.