- Accueil
- Dans les salles
- Cinéastes
- Pas morts
- Vivants
- Abdellatif Kechiche
- Arnaud Desplechin
- Brian de Palma
- Christophe Honoré
- Christopher Nolan
- Clint Eastwood
- Coen brothers
- Darren Aronofsky
- David Fincher
- David Lynch
- Francis Ford Coppola
- Gaspar Noé
- James Gray
- Johnnie To
- Manoel de Oliveira
- Martin Scorsese
- Michael Mann
- Olivier Assayas
- Paul Thomas Anderson
- Paul Verhoeven
- Quentin Tarantino
- Ridley Scott
- Robert Zemeckis
- Roman Polanski
- Steven Spielberg
- Tim Burton
- USA
- France
- Et ailleurs...
- Genre !
- A la maison
- Mais aussi
- RSS >>
- Los bastardos, de Amat Escalante (Mexique, 2008)
Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!
Où ?
A l’Elysées Lincoln, dans la grande (tout est relatif) salle
Quand ?
Il y a dix jours, un dimanche après-midi
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
En passant, quelques mots sur ce film qu’il serait dommage de passer sous silence. Remarqué dans la sélection parallèle Un certain regard du dernier festival de Cannes, Los
bastardos s’aborde avec une appréhension patente, liée à la présence comme producteur et comme mentor assumé du réalisateur de Carlos Reygadas, dont je trouve personnellement les films
(Bataille dans le ciel, Lumière silencieuse) insupportables de prétention, représentants caricaturaux d’un certain cinéma « d’auteur » pédant et à
baffer. Et de temps à autre, Los bastardos flirte effectivement avec les frontières de cette attitude. Le réalisateur Amat Escalante se laisse parfois aller à la croyance que
poser la caméra à un endroit suffit à transformer en art ce qu’elle filme (conduisant ainsi à de longs et arrogants plans fixes). A d’autres moments, il se sent porté par le même devoir de
jugement que Reygadas en incluant à son récit, sous une forme artificielle et trop lourde de sens, des scènes (quasiment des sketches indépendants les uns des autres) moralisatrices à base de
sexe montré crûment, d’incommunicabilité au sein des familles occidentales, de racisme.
Escalante est bien meilleur lorsqu’il revient au niveau du sol pour raconter sans arrière-pensées le quotidien de ses personnages. On pourrait même dire qu’il se positionne alors à l’opposé du
style Reygadas, en créant l’illusion d’être là par hasard et de simplement filmer ce qui se déroule devant lui, sans fabrication. C’est en particulier le cas dans la première demi-heure, qui
décrit avec un grand souci du détail et une froide rage rentrée une journée ordinaire dans la vie de clandestins mexicains sous le soleil écrasant qui surplombe l’immensité horizontale de Los
Angeles. Du bord de route où ils attendent le travail au noir sous-payé au chantier où ils l’exécutent, Los bastardos les suit tel un documentaire objectif et en même temps plein
d’empathie envers eux. Plus tard, deux de ces hommes prennent en otage une mère célibataire pour des raisons énigmatiques pour nous – contrat ? cambriolage ? pulsion meurtrière ? – et qui
semblent l’être tout autant pour eux. Du coup, plutôt que de gagner en tension, le récit entre dans un état fluctuant, vaporeux, où les trois personnages tuent le temps en attendant que le
destin, qui leur est d’ordinaire peu favorable, choisisse de nouveau à leur place le prochain tournant. Là encore, Escalante est à son avantage et nous fait pénétrer à leurs côtés dans cette
bulle hors du monde, faite de désinvolture et d’indifférence. Le coup du sort qui vient la faire éclater suit la même ligne claire, en étant un modèle d’instantanéité et de brutalité. C’était là
la clé du succès ou de l’échec du film ; Los bastardos entre donc dans la première catégorie, conforté par un épilogue poignant parce que concis et dépouillé.