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- Les tueurs de la lune de miel, de Leonard Kastle (USA, 1970)
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Les tueurs de la lune de miel est un film étonnant, dans sa conception autant que dans son rendu final. C’est l’unique long-métrage de Leonard Kastle, pas parce que ce
dernier est mauvais ou a été rejeté d’Hollywood « à la Welles », mais parce que ce n’est tout simplement pas son métier. Kastle est un compositeur d’opéra, qui s’est passionné pour un
fait divers et en a tiré un scénario auquel il était tellement attaché que c’est d’un commun accord avec le metteur en scène désigné (un certain Scorsese) qu’il a repris les commandes de la
réalisation. À part quelques notes de Mahler à certains passages clés du récit, la vraie vie de Kastle n’interfère jamais avec sa « pige » de cinéaste. C’est l’aspect autodidacte
passionné par son sujet qui prime, et lui permet de violer à peu près toutes les règles implicitement en vigueur sur ce genre de film. Les tueurs de la lune de miel est
en effet un ovni violent, dérangeant, cru. Et dès lors fascinant, dans son observation frontale de la misère et de la violence.
Dans un noir et blanc de cauchemar (granuleux, sans profondeur de champ), Kastle enferme le spectateur en compagnie de personnages parmi les plus antipathiques décrits au cinéma. Les 2 membres de
la paire criminelle sont tragiquement laids, à l’extérieur (elle est obèse, lui vieux beau tentant de masquer sa calvitie par une perruque) mais surtout à l’intérieur. Les qualifier de couple
serait ainsi trop positif par rapport à la réalité : Martha et Raymond ne s’aiment pas, ils ne se supportent même pas. La jalousie maladive de l’une et l’immaturité de l’autre ne se rencontrent
et ne se stimulent que lorsqu’il s’agit de donner la mort de sang froid aux célibataires que Raymond contacte par petites annonces et séduit afin de leur voler leurs économies.
Kastle ne cherche jamais à expliquer le mystère de ce déchaînement de sauvagerie. Il nous le donne à voir en face, sans pudeur ni affadissement, et avec une réelle maîtrise du langage
cinématographique. Les ellipses qui sautent d’un meurtre au suivant sans respiration intermédiaire, et les choix de cadrages et de mouvements de caméra nous maintiennent dans un état de tension
constante et asphyxiante. Impossible dès lors de détourner les yeux de cet abîme de folie démesurée, où aucune morale ne vient stopper l’expansion de penchants les plus cruels de l’être humain.
N.B.1 : l’absence de concessions dans l’interprétation et la ressemblance physique entre les acteurs Shirley Stoler et Tony Lo Bianco et leurs modèles réels est telle que la seule
idée de l’adaptation récente de ce même fait divers avec Colin Farrell et Salma Hayek engendre des rires impossibles à réprimer.
N.B.2 : si le DVD zone 2 des Tueurs de la lune de miel est correct techniquement, il contient l’un des pires bonus jamais réalisés, sous la forme d’une interview
de Stéphane Bourgoin (spécialiste français des tueurs en série) où ce dernier doit se débattre avec l’absence totale de préparation et de répartie de son intervieweur. Là encore, difficile de se
retenir de rire.