• Les inséparables, de Christine Dory (France, 2008)

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Où ?

Au MK2 Beaubourg

Quand ?

Vendredi après-midi

Avec qui ?

Ma femme

Et alors ?

Guillaume Depardieu, disparu en octobre dernier, laissera un grand vide dans le cinéma français. Et si Les inséparables, deuxième de ses trois films à sortir de manière posthume,
après Stella et avant L’enfance d’Icare, ne lui attribue pas un de ses rôles les plus marquants (à l’image de celui qu’il tenait dans Versailles,
peut-être son interprétation la plus puissante), il s’agit en soi-même d’un long-métrage fin, intelligent, surprenant. Le titre agit comme une promesse protectrice. Quoi qu’il puisse se passer
entre le fougueux Boris, dessinateur doué car – et non pas mais – héroïnomane, et la souriante Sandra, à la vie autrement plus banale en apparence (avec un métier cliché et observé comme tel,
agent immobilier), ces deux-là s’aiment et ne se quitteront pas. La musique, qui allie ambiances jazzy et lignes de basse entraînantes, adopte la même posture, aérienne, fringante, souriante.


Loin d’emprisonner le film dans une voie sans surprises et superficielle, ce choix du sourire et de la vitalité crée un décalage original et fécond. Les inséparables se nourrit
d’un bout à l’autre (ou presque : l’épilogue est inutile et pour le coup très plat, convenu) de ce regard inattendu sur le schéma d’un amour entre le feu et la glace, l’artiste rebelle et la
fille réelle. Les situations classiques de ce type de récit trouvent un éclat neuf par la grâce d’un mot d’esprit, d’une prise de position imprévue de l’un ou l’autre des deux amants, ou encore
d’une mise en situation volontairement décalée – la rencontre avec Laure, la pas encore ex de Boris, lors du premier rendez-vous, la dispute sur la décision d’avoir un enfant qui se déroule lors
d’une visite d’appartement orchestrée par Sandra. Mieux encore, ce positionnement déphasé permet à Christine Dory et sa co-scénariste Gaëlle Macé de faire bouger en permanence les lignes quant à
l’attitude des personnages. Ceux-ci ne sont jamais figés dans leurs dispositions de départ : Boris n’est pas fondamentalement contre une vie rangée de couple, la reconnaissance de son art, ou
encore des plaisirs simples de la société moderne. De son côté, Sandra (de même que Laure) a elle aussi ses moments de révolte et ses coups de folie douce, ce qui a pour effet de faire de Boris
non pas son antagoniste complémentaire mais une version plus intense de ses propres bizarreries intimes.


Sur ce canevas, Marie Vialle tout autant que Guillaume Depardieu offrent de belles et ardentes prestations et se montrent aussi à l’aise dans la confrontation que dans la complicité. En
s’appuyant sur eux, Christine Dory réussit en définitive à embrasser pleinement, en une série d’instantanés toujours débordants de vie et de spontanéité, la réalité du quotidien d’une passion
amoureuse particulière. Et qui, par ce fait même, atteint un degré d’émotion capable de toucher tout un chacun.

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