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- Les hommes préfèrent les blondes, de Howard Hawks (USA, 1953)
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Où ?
À la cinémathèque, dans la grande salle (pleine, as usual)
Quand ?
Entre Noël et le Jour de l’An (le film repasse une seconde fois le dimanche 13 janvier, toujours dans le cadre de la rétrospective Hawks)
Avec qui ?
Ma femme, qui venait pour la 2è fois à la cinémathèque (et pour la 1ère fois dans la grande salle)
Et alors ?
Les hommes préfèrent les blondes pousse l’aspect cartoonesque des comédies de Hawks (autres titres inoubliables : L’impossible M. Bébé,
Chérie je me sens rajeunir, La dame du vendredi) à son paroxysme. Le Technicolor est flamboyant et donc délicieusement irréel ; les
péripéties du scénario jouent toutes sur la note burlesque, qu’elles soient mineures – Marilyn bloquée au niveau des hanches dans un hublot de bateau – ou majeures (la brune Jane Russell qui
remplace la blonde Marilyn Monroe à son procès, en imitant son maquillage, sa voix et ses manières) ; les personnages sont des caricatures tirées à gros traits, en particulier la brochette
de riches héritiers mâles qui vont du timide à lunettes dans toute sa splendeur au gamin de 7 ans dont le langage et les attitudes sont ceux d’un adulte de 50 ans.
Tout cela est pensé avec beaucoup d’intelligence par le cinéaste : l’histoire des Hommes préfèrent les blondes n’a ni queue ni tête, et est de toute manière
complètement futile. Autant donc amplifier son absurdité (qui dans le cas présent représente son efficacité) au maximum. La place très particulière donnée aux numéros musicaux dans l’espace du
film participe à ce procédé. Ceux-ci ne sont ni complètement extérieurs au récit (lorsque le film s’arrête le temps de la chanson, et qu’après coup les personnages reprennent leur existence comme
si rien n’en avait interrompu le cours), ni complètement intégrés (avec un basculement au détour d’un dialogue dans la chanson, laquelle fait progresser le film en termes d’intrigue ou
d’émotions). Ils se situent dans un étonnant entre-deux, en contaminant – puis en libérant – le cadre et les personnages de manière progressive. On reste dans le même décor, mais l’utilisation
qui en est faite (par la chorégraphie, par exemple) évolue au fil des couplets ; certains personnages sont dans l’univers de la chanson dès son déclenchement, tandis que d’autres restent un
temps à l’écart avant de pousser à leur tour la chansonnette. Le résultat est encore plus artificiel que dans les comédies musicales de la 1ère catégorie (avec numéros musicaux
« extérieurs »), puisque dans ces dernières le film hors chansons conserve une intégrité, une crédibilité ici complètement battue en brèche.
Une autre preuve (toujours renouvelée dans ses œuvres) du génie comique de Hawks est son sens incroyable du rythme, mieux même : de l’accélération. Il n’hésite pas à empiler de nouvelles
situations, de nouveaux lieux, de nouveaux personnages tant que cela sert la puissance drolatique du récit. Le cinéaste est un véritable virtuose de la chose, car il sait le faire de sorte à
nourrir le film plutôt qu’à l’étouffer. Les blagues se répondent, se croisent, resurgissent quant on les croyait épuisées – le dénouement parisien, entre échange d’identité, remariage et fausse
ingénuité, est un modèle d’enchevêtrement des gags précédents pour aboutir à de nouveaux encore plus hilarants. C’est simple, on est dans un état d’émerveillement et de surprise permanent.
Dans le cas particulier des Hommes préfèrent les blondes, le film est en plus relevé par quelques pépites inoubliables : le duo Marilyn Monroe – Jane Russell à la
complicité royale, et bien sûr le numéro musical Diamonds are a girl’s best friend qui est rentré dans le panthéon des scènes cultes du 7è art.