- Accueil
- Dans les salles
- Cinéastes
- Pas morts
- Vivants
- Abdellatif Kechiche
- Arnaud Desplechin
- Brian de Palma
- Christophe Honoré
- Christopher Nolan
- Clint Eastwood
- Coen brothers
- Darren Aronofsky
- David Fincher
- David Lynch
- Francis Ford Coppola
- Gaspar Noé
- James Gray
- Johnnie To
- Manoel de Oliveira
- Martin Scorsese
- Michael Mann
- Olivier Assayas
- Paul Thomas Anderson
- Paul Verhoeven
- Quentin Tarantino
- Ridley Scott
- Robert Zemeckis
- Roman Polanski
- Steven Spielberg
- Tim Burton
- USA
- France
- Et ailleurs...
- Genre !
- A la maison
- Mais aussi
- RSS >>
- Les enfants de Don Quichotte (acte 1), de Ronan Dénécé, Augustin Legrand et Jean-Baptiste Legrand (France, 2007)
Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!
Où ?
Au MK2 Beaubourg dans la toute petite salle, ce qui est un peu déprimant au vu de l’impact médiatique auquel pourrait a priori prétendre un tel film
Quand ?
Vendredi soir, à 22h
Avec qui ?
Ma femme
Et alors ?
Les avancées formelles ne sont pas toujours là où on les attend. Loin du simple film-tract opportuniste et ne captant que des miettes du réel (à-côtés, interviews rétrospectives,…), Les
enfants de Don Quichotte est l’un des premiers documentaires à parvenir à transcrire à l’échelle du long-métrage de cinéma l’énergie brute de l’audiovisuel viral et immédiat tel que le
génère Internet (YouTube & co). Bien sûr, des fictions telles que Redacted ou Cloverfield ont déjà réussi à saisir la révolution portée par ce phénomène ; mais je n’avais pour ma part
encore jamais vu un documentaire qui applique avec une telle évidence ces codes. À savoir qu’il a été réalisé en temps réel de l’action, sous la forme de courts instantanés privilégiant la force
de l’immédiateté à l’analyse réfléchie, par les membres du mouvement et non un point de vue extérieur. Certains passages du film reprennent d’ailleurs des vidéos postés à l’époque sur le site web
de l’association, ainsi que des extraits de JT récupérés à la hussarde. Pour tout cela, Les enfants de Don Quichotte est un film radicalement de son temps, et qui méritait bien
son passage à la Semaine de la Critique, la sélection alternative la plus exigeante du Festival de Cannes.
Au-delà du cinéma, il y a bien sûr la lutte – tout aussi radicale et forcenée – menée par les Enfants de Don Quichotte pendant l’hiver 2006-2007, cette tentative de blitzkrieg aussi
utopique que magistrale visant à éradiquer le problème du logement des exclus, au nom de leur dignité et de leurs droits fondamentaux. Le dispositif visuel fait que temps forts et difficultés de
cette bataille sont traités de la même manière tandis que la boule de neige médiatique gonfle, au point de mener jusqu’à Matignon une opération démarrée à trois dans l’anonymat. L’autre
justification à donner une telle place aux moments de tension et aux échecs, c’est malheureusement la fin de non-recevoir violente – à coups de CRS, en clair – exprimée par le gouvernement
Sarkozy-Fillon après les promesses de son prédécesseur. Comme les habitants des banlieues et les victimes de Clichy-sous-Bois Zied et Bouna, les enfants de Don Quichotte et les SDF du Canal
Saint-Martin ont été trahis en mai 2007 par une majorité de la population, qui a porté au pouvoir un homme refusant tout droit à la parole à la société civile. Malgré lui, ce film est le
témoignage de l’arrivée du jour au lendemain de cette situation insupportable, qui a temporairement brisé le fragile équilibre démocratique basé sur le droit à l’opposition.