• Les douze salopards, de Robert Aldrich (USA, 1967)

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Où ?

A la maison, en K7 vidéo, après avoir l’impasse sur l’une des projections du film à la cinémathèque (un film de 2h20 un dimanche soir à 21h au retour d’un week-end mariage : ambitieux.)

 

Quand ?

Jeudi soir

 

Avec qui ?

Seul

 

Et alors ?

 

Des Douze salopards, Quentin Tarantino n’a repris pour son Inglourious Basterds que la seule chose effectivement exploitable : le concept de départ, aussi vicieux que réjouissant, d’une unité
spéciale constituée d’individus abjects dans le but de mener à bien des missions elles aussi abjectes. On peut également voir dans Les douze salopards un des exemples possibles
ayant donné à Tarantino le goût des scènes d’exposition étirées en de longs et savoureux échanges verbaux. Les deux premières séquences (la réunion d’état-major au cours de laquelle le major
Reisman – Lee Marvin se voit assigner sa mission, puis sa harangue liminaire à ses néo-soldats ex-condamnés à mort) sont des merveilles du genre qui lancent le film sur les meilleurs rails qui
soient, aux antipodes des enjeux et des valeurs classiques du film de guerre – et particulièrement de Seconde Guerre Mondiale.



Le problème est qu’à aucun moment la suite du récit ne cherchera à surpasser cette première bonne idée, ni à l’enrichir par d’autres. C’est même au contraire un mélange certain de fainéantise et
d’imposture qui est à l’œuvre pendant une bonne part du film ; la mission suicide qui nous est lancée comme appât en ouverture (infiltrer un château français plein à ras-bord de hauts
officiers nazis pour tous les supprimer) étant en réalité repoussée en toute fin de métrage. Avant cela, un temps exagérément long a été passé à suivre l’entraînement à la dure des salopards,
puis leur démonstration de force au cours d’un exercice d’entraînement mis sur leur route par des officiers soudainement hésitants quant à la pertinence d’une telle unité. Tout ceci étant d’un
intérêt particulièrement restreint puisque ce qui y est soi-disant en jeu fait partie des éléments de base du script, la méchanceté et l’efficacité des douze antihéros. Les passages qui remettent
en cause ces aspects peuvent donc être au mieux efficaces (et entre les mains expérimentées d’Aldrich ils le sont), mais certainement pas captivants. Le petit frère Inglourious
Basterds
l’a bien compris, en se délestant de toute sous-intrigue de ce genre.

Reste donc la mission en soi, réussite évidente de cinéma d’action/infiltration qui parvient presque à faire oublier les errements qui la précèdent. Aldrich parvient à la rendre à la fois longue
et épurée – pas de pathos, très peu de dialogues. Chaque sous-section du scénario extrêmement limpide et détaillé de l’opération (qui ressemble ainsi à une véritable mission et non à une version
concentrée pour scénario de film) trouve sa raison d’être et sa résolution dans l’action pure et dure. Il n’est pas question de « faire connaissance » ou de mettre sur pied des
intrigues d’ordre personnel, puisque ce ne sont ni le bon endroit, ni les bons individus, mais d’éliminer des ennemis au couteau ou à la mitraillette, de saboter leurs moyens de communication ou
d’évasion à la grenade, et toute autre action qui permette d’être sûr qu’aucun nazi ne réchappera de ce château. Et sur ce point, la mission est accomplie avec zèle et sans fioritures tant par
les douze salopards que par le film éponyme.

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