• Les bonus d’En cloque…

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

Où ?

A la maison, en double DVD zone 2

Quand ?

Ce week-end

Avec qui ?

Ma femme

Et alors ?

Commençons par le commentaire audio du film, pour lequel le réalisateur Judd Apatow est entouré de son acteur principal Seth Rogen et du complice de celui-ci Bill Heder (l’autre flic de
Supergrave pour situer, et qui tient aussi un petit rôle ici). Ce commentaire est tout simplement l’un des plus
hilarants qui soient. Cela passe par la remémoration de blagues coupées au montage (une source semble-t-il inépuisable, pas étonnant qu’il y ait autant de scènes coupées et alternatives sur
chacun des 2 disques), mais aussi par l’explication de l’origine de certains gags, et même par l’invention sur le moment de nouvelles blagues par-dessus le film. Ces dernières sont souvent les
meilleures car souvent à la limite de l’inadmissible – Apatow, Rogen et Heder se lâchent sans le contrôle, vague mais existant, exercé par le studio sur le long-métrage – sur des sujets tels que
les droits d’auteur, la fumette, les pédophiles ou l’avortement avec la réplique mémorable à sortir dans tous les débats sur le sujet : « je suis contre mais s’il y en a un qui passe, je
regarde »
.

Entre 2 fous rires communicatifs, le commentaire s’avère très constructif. On y découvre les ficelles d’un film fait entre potes et en famille (Apatow a fait jouer ses propres enfants, avec une
technique astucieuse : construire les scènes où ils apparaissent autour de leurs répliques, auxquelles les acteurs adultes réagissent dans les prises suivantes), dans des lieux familiers -
Santa Monica, là où ils habitent tous – et à partir d’expériences personnelles. Repoussant les limites de la sphère privée de manière parfois troublante, Apatow et Rogen se répandent ainsi en
anecdotes intimes, le 1er sur son couple (sa propre femme, Leslie Mann, joue plus ou moins elle-même dans le rôle de la sœur de l’héroïne) et l’accouchement de sa 1ère fille, le 2nd sur sa vie en
colocation et sur le dédain, pour ne pas dire pire, des filles envers lui.

Et si ce n’était pas finalement la meilleure façon de faire : porter à l’écran ce que l’on connaît et ce qui nous tient à cœur ? Bien sûr, il faut comme c’est le cas ici que
l’intelligence se cache dans et derrière la bêtise. Certaines blagues faites pendant le commentaire font référence à Nietzche, Pollock ou Frank Gehry, tandis que des digressions sur des sujets
plus généraux – l’inévitable débat sur l’avortement, et le refus intelligent d’Apatow de se voir imposer un positionnement sur le sujet via ce que certains pensent voir dans le film ; la
difficulté de s’adapter au changement radical de vie après l’arrivée d’un enfant – montrent que En
cloque…
est le fruit d’une réflexion en amont et se nourrit d’autres choses que simplement des blagues. D’où l’on peut tirer la seule conclusion valable sur Apatow et Rogen :
ils sont réellement talentueux, en même temps que modestes – ils connaissent leurs limites (les aspects techniques de la mise en scène pour l’un, le jeu dramatique pour l’autre) et ce qu’ont
apporté sur ces points leurs collaborateurs (le directeur de la photo Eric Edwards, la co-star Katherine Heigl).

Signalons encore dans ce commentaire une petite information surréaliste sur le fonctionnement de l’industrie du cinéma (pour filmer un bébé en train de naître, il y a besoin avant la
« scène » d’un permis de travail… pour le bébé), et la conclusion qui prouve qu’Apatow est un grand stressé : il ne voit dans le fait que tout s’est bien passé sur ce film qu’un
mauvais présage indiquant que ça ne va forcément pas durer. Cette angoisse permanente, comparable à celle d’un Woody Allen qui fait des films hilarants à partir de la même névrose, se retrouve
dans le journal de tournage, petit making-of qui tire de son point de vue subjectif – celui d’Apatow – une originalité rafraîchissante. Les autres courts modules consacrés à des sujets
précis (tel acteur, telle scène…) sont inégaux, mais renforcent le sentiment que le film est une mini-imposture où Universal aurait donné des dollars pour qu’Apatow use des kilomètres de
pellicule à filmer sa famille et ses potes.

Les scènes coupées (je ne parle pas là des versions alternatives qui pullulent dans tous les menus du DVD) sont intéressantes car plus symboliques de choix de montage entre plusieurs
bonnes scènes – « le film aurait pu durer 5h en fait ! », comme s’est exclamée ma femme) que de chutes inutilisables. A noter surtout : une quête du gynécologue plus longue (et
donc plus drôle encore), le concept non retenu au final que les colocs de Ben jouent le rôle d’un chœur venant l’embêter dans son lit au milieu de la nuit après chaque événement important
(…qu’ils rapportent à chaque fois à eux-mêmes), et surtout un numéro mémorable de Jonah Hill, l’un des 2 acteurs principaux de Supergrave, qui part dans une diatribe exaspérée
contre la pudibonderie du Secret de Brokeback Mountain sous le regard ahuri de Katherine Heigl.

Les commentaires sont fermés.