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- La mort vous va si bien, de Robert Zemeckis (USA, 1992)
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Où ?
À la maison, sur une K7 vidéo enregistrée sur Arte la semaine précédente
Quand ?
Dimanche soir
Avec qui ?
Ma femme
Et alors ?
Boulevard
du crépuscule rencontre Roger Rabbit : voilà à peu près où se situe La mort vous va si bien, délire inclassable signé Robert
Zemeckis (Retour vers le futur, Forrest Gump). Assez quelconque et bancal – la lutte de 2 femmes pour être la plus belle et la plus séduisante
malgré les effets du vieillissement –, le scénario vaut surtout par son rythme effréné et ses excès permanents. Zemeckis abandonne très vite la piste d’une charge anti-chirurgie esthétique pour
enfiler les situations et dialogues extravagants générés dans leur quasi-totalité par une unique, mais géniale, idée de départ : une potion qui annule les effets du vieillissement jusqu’à
rendre immortel, mais n’empêche pas pour autant les dommages physiques.
Zemeckis peut dès lors s’en donner à cœur-joie, porté par son goût immodéré pour le cartoon (il va jusqu’à habiller Goldie Hawn en Jessica Rabbit) et par l’irruption d’une nouveauté toute fraîche
à l’époque : les images de synthèse. Toujours à l’affût des progrès technologiques – cf. ses récents essais du tout images de synthèse, tel La légende de Beowulf –, il fait tourner la tête de Meryl Streep à 180°
et creuse au fusil à pompe un trou dans le ventre de Goldie Hawn, au cours d’un crêpage de chignon extrême et culte, point d’orgue du film (20 minutes avant la fin ; ça patine un peu
ensuite).
Grand gamin, Zemeckis sait tout de même partager ses jouets. La mort vous va si bien est une friandise offerte sur un plateau à des acteurs tout heureux qu’on leur
demande de incarner l’hystérie et la folie les plus totales, dans des contre-emplois décomplexés. Mélange improbable de la diva Norma Desmond de Boulevard du crépuscule
(même manoir gigantesque, même besoin d’être le centre du monde) et de sa composition de directrice despotique du Diable s’habille en Prada, Meryl Streep est une tornade
comique que rien n’arrête, et qui bonifie chaque mimique et chaque réplique – sa partenaire Goldie Hawn souffre d’ailleurs inévitablement de la comparaison. Pris en sandwich entre les 2 femmes,
Bruce Willis tire son épingle du jeu en enfouissant son image habituelle sous la perruque, les lunettes et la moustache, et en jouant à fond la carte du pauvre type maladroit, sans amour-propre
ni personnalité sur qui tout le monde s’essuie les pieds.
Ce trio infernal fait du film un divertissement tellement jouissif que l’on oublie volontiers son manque d’ambition satirique – à la notable exception d’un épilogue grinçant à souhait, Zemeckis
s’en tient « sagement » à quelques blagues potaches et à l’idée amusante de surcharger chaque décor en miroirs de toute sorte.