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- L.A. takedown, de Michael Mann (USA, 1989)
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Où ?
A la cinémathèque, dans le cadre de la rétrospective consacrée
au cinéaste
Quand ?
Lundi après-midi, pour mon dernier jour de vacances
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
L.A. takedown est une véritable rareté, ce qui vaut mieux pour la renommée d’un autre film de Michael Mann, Heat. N’étant pas un aficionado en extase devant ce
long-métrage, que je trouve honnête mais sans plus (cf. ma critique ici), rien ne me retient en effet de dire que tout ce qui fait l’intérêt et la réputation de
Heat est dans L.A. takedown. Absolument tout, de l’argument – le jeu du chat et de la souris entre un flic et un gangster – à l’enchaînement des péripéties, des
intrigues annexes (les histoires d’amour en dents de scie des deux hommes) aux moments cultes tels que la discussion autour d’un café entre l’inspecteur et le braqueur à mi-récit. Même certains
cadrages de cette séquence sont identiques, ainsi qu’un peu plus tard l’échange de répliques entre le gangster et son informateur qui donnera son titre à Heat.
On ne peut certainement pas en vouloir à Michael Mann d’avoir recyclé en long-métrage le script d’un pilote de série TV auquel la chaîne n’a pas donné suite, surtout quand il s’agit d’un aussi
bon script. Dans l’optique d’une série TV à lancer, L.A. takedown pèche assurément par manque de centres d’intérêt (personnages, contexte, intrigue) à développer sur une vingtaine
d’épisodes ou plus. Mais en tant que film stand alone, et derrière son esthétique fortement marquée 80′s – et donc devenue aujourd’hui très vieillotte, ascendant kitsch, L.A.
takedown est un très bel exemple de polar. Il remplit toutes les attentes que l’on peut avoir vis-à-vis d’un film appartenant à ce genre : personnages charismatiques et ambivalents,
rudesse permanente et suspense habile, scènes d’action qui nous comblent par leur quantité et leur qualité (oui, la longue fusillade dans la rue après le dernier casse est déjà de la partie). Le
talent de filmeur de Mann élève le niveau du film à plusieurs reprises, par ses choix singuliers de photographie et de cadre et par, déjà, une aptitude hors du commun à intégrer le décor urbain -
un bar, un appartement, un lobby d’immeuble… – à l’action, à en faire un élément primordial.
Qu’est-ce qui départage Heat et L.A. takedown, alors ? Bien sûr, le premier a pour lui son casting haut de gamme, mais l’interprétation fournie par les
comédiens moins connus et moins talentueux du second suffit tout à fait par rapport aux ambitions du scénario et à son positionnement manifeste dans les rangs de la série B. A mon sens, la
balance penche en faveur de L.A. takedown grâce à sa concision. Il n’y a pas besoin de plus que les 90 minutes qu’il dure pour exploiter pleinement le potentiel du film, tout en
maintenant de bout en bout une tension palpable. L’heure supplémentaire présente dans Heat tient plus du délayage superflu et mal maîtrisé (un peu à l’image de ce que l’on
retrouve dans Public enemies) que d’une nécessité de récit. A noter également, le changement de final entre les deux films – pour un match nul, cette fois. L’épilogue de
Heat, dans un terrain vague éclairé furtivement par les lumières des avions décollant à proximité, est visuellement grandiose ; celui de L.A. takedown, moins
impressionnant, propose une culbute psychologique remarquable, le gangster y mourant dans les bras du flic non pas comme un criminel en fuite mais en tant que victime d’un personnage encore plus
dangereux.