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- L’homme invisible, de James Whale (USA, 1933)
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Où ?
Au Mac Mahon, un peu à l’écart des Champs-Élysées, rescapé solitaire de l’espèce des vieux cinémas à salle unique
Quand ?
Lundi soir, à la séance de 20h
Avec qui ?
Ma femme, et une vingtaine de spectateurs visiblement habitués du cinéma
Et alors ?
Tous les quarts de siècle environ, le
cinéma d’horreur américain connaît une renaissance, un nouvel âge d’or. Avant ces dernières années (et oui, encore une occasion de vous rediriger vers Cloverfield), il y eut la fin des années 70 et sa
contre-culture contestataire ; les années 50 et le double péril communiste et nucléaire ; et le début des années 30, sans réelle connexion politique (le nazisme ne faisait pas encore
partie des préoccupations des scénaristes) mais avec le plaisir encore pur, presque enfantin d’expérimenter les trucages, de jouer avec la crédulité du spectateur, de porter à l’écran les
classiques de la littérature fantastique que sont Dracula, Frankenstein, L’homme invisible.
Un studio était au cœur de cette 1ère percée horrifique : Universal. Ce sont eux qui ont confié à James Whale, déjà aux commandes de Frankenstein, la réalisation de cette
adaptation de l’œuvre de H.G. Wells. Whale est important, de même que l’acteur principal Claude Rains (j’y reviendrai), mais l’homme dont le travail a été de toute évidence primordial pour la
réussite de L’homme invisible est le créateur des effets spéciaux John P. Fulton. Raffinant et prolongeant sur la durée d’un long-métrage les techniques sophistiquées de
surimpression inventées par Méliès, ce dernier donne à voir – façon de parler – un homme invisible des plus crédibles, qui nous bluffe aujourd’hui encore. Afin de capitaliser sur cette prouesse
visuelle, le scénario s’amuse à imaginer les situations les plus variées et les plus favorables à la démonstration de puissance des truqueurs : entièrement nu ou partiellement vêtu, en
intérieur ou dans la neige, isolé ou au milieu d’une foule, les mises en scène de l’invisibilité du personnage n’arrêtent pas un instant de nous mystifier. La magie du cinéma fonctionne
pleinement.
Le grand apport de Whale et de Rains (bientôt l’un des 2nds rôles les plus courus d’Hollywood, de Casablanca aux Enchaînés, mais encore inconnu au moment de ce
film) est d’avoir donné à l’homme invisible un caractère fort, et très sombre. Contrastant avec le reste d’une humanité montrée comme lâche, apeurée et incapable, et lui-même ivre de sa
toute-puissance nouvellement acquise, il perpétue d’un bout à l’autre du film un règne de terreur fait de meurtres de sang-froid, d’humiliations de la police, de déraillements de train. Cette
version de L’homme invisible porte sur elle la noirceur misanthrope – aucun juste milieu n’existe entre le tueur/monstre implacable et les victimes impuissantes – qui fait les
grands films d’horreur. Pour sa propre adaptation, en 2000 avec Hollow man (où le terroriste est remplacé par l’obsédé sexuel), Paul Verhoeven ne s’y était d’ailleurs pas trompé
en reprenant à son compte le concept de la folie inhérente à toute prise de pouvoir.