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- L’époustouflant envers du décor de Cloverfield
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Où ?
A la maison, en DVD zone 1 (impossible d’attendre le zone 2 !)
Quand ?
La semaine dernière
Avec qui ?
Ma femme
Et alors ?
Cloverfield est un film génial, révolutionnaire, inoubliable, la claque de l’année : je ne vais pas revenir là-dessus. Les suppléments qui accompagnent le film sur le DVD zone 1 (et qui seront sûrement au rendez-vous
du zone 2) méritent eux aussi leur lot de qualificatifs admiratifs, car ils rendent très bien compte de ce qu’a été la production de ce long-métrage si particulier et débordant de prouesses
techniques. Le making-of, particulièrement rythmé, suit au quotidien un tournage dominé par une exigence de secret absolu quant au scénario. Entre l’implication hors des sentiers battus
qui était demandée aux acteurs, souvent en charge de la caméra et qui devaient en permanence jouer des émotions extrêmes sans rien voir ni sentir de la menace, et la démultiplication sans fin des
lieux et modes de tournage d’un jour à l’autre (principalement des studios et extérieurs à moitié construits ou carrément vides autour de Los Angeles, agrémentés de quelques prises de vues
réelles à New York), il ressort de ce module une superbe démonstration de ce que donne le cinéma hollywoodien à son meilleur. Quand de gros moyens sont mis de la sorte au service de la créativité
et de l’ambition, et complétés au quotidien par une grande motivation générale et le recours sans honte au système D si nécessaire, monts et merveilles sont souvent au rendez-vous.
Mais le meilleur reste à venir, avec le documentaire consacré aux effets spéciaux. Celui-ci montre à quel point Cloverfield tire partie de ce qui se fait de mieux dans ce
domaine aujourd’hui – et n’aurait tout simplement pas pu être fait il y a 2 ans. Séquence par séquence, on voit le film se créer devant nos yeux à partir de rien : la chute de la tête de la
Statue de la Liberté, la destruction du Brooklyn Bridge, les folles embardées du monstre entre les gratte-ciels… Ce qui coupe le souffle, c’est à quel point l’ensemble des techniques employées
(modèles physiques, écrans bleus, matte painting, quadrillage géométrique d’une scène pour y intégrer des éléments virtuels…) sont suffisamment matures pour être appliquées à un film tourné
exclusivement caméra à l’épaule, en quasi temps réel et plongé en permanence au plein cœur de l’action.
Enfin, le commentaire audio (non sous-titré en zone 1) du réalisateur Matt Reeves reprend tous les éléments précédents et les met en application scène après scène – permettant ainsi de se
rendre encore mieux compte de la tâche incroyablement complexe que représente chaque instant, ce qui est inimaginable au vu de la fluidité et de la cohérence du résultat final. Sur un autre plan,
Reeves semble encore ébahi d’avoir pu accoucher d’un tel film. Lui qui est plutôt un réalisateur « calme », attaché aux personnages (co-scénariste de The yards, co-créateur de la série Felicity) explique avec un sourire qu’on imagine grand comme
ça comment il s’est retrouvé aux commandes d’un monster movie révolutionnaire. Dans ce film en grande partie improvisé, puisque le scénario était écrit au jour le jour et des plans
tournés sans savoir précisément la nature de ceux qui allaient précéder ou suivre, autant de soin a ainsi été apporté à la collaboration avec les acteurs qu’à la technique.
La partie la plus passionnante du commentaire intervient quand Reeves explique l’intégration de la présence de la caméra dans le récit (et non comme simple observateur) à l’esthétique de
Cloverfield. Il a ainsi passé beaucoup de temps sur Youtube et autres pour décrypter les effets de style inhérents à cette nouvelle manière de filmer, et l’altération qui s’en
suit de la grammaire classique du 7è art (jump cuts, plans-séquences quand l’action devient tellement choquante que le caméraman « oublie » d’éteindre la caméra, absence de
champs/contrechamps…). Cloverfield est dès lors génial car le point de vue subjectif n’est pas juste un gadget mais s’inscrit dans une vraie réflexion cohérente : le film
n’est qu’un parmi des dizaines, des centaines potentiellement « tournées ce soir-là ».