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- L’ennemi intime, de Florent-Emilio Siri (France, 2007)
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À l’UGC George-V, dans une petite salle (le film n’a pas bien démarré au box-office)
Quand ?
Dimanche matin, de bonne heure (10h30). C’était ça ou Minor, et Minor à 10h30… non.
Avec qui ?
Seul, au milieu d’une quinzaine de spectateurs
Et alors ?
L’une des grosses sorties françaises de la rentrée est L’ennemi intime, qui tente de concilier gros budget et vision désinhibée de la « sale guerre »
d’Algérie. Analysons le film par rapport à d’autres œuvres traitant de sales guerres occidentales achevées en fiascos :
C’est l’influence évidente de Siri, qui s’inscrit dans sa fascination plus générale envers le cinéma américain – son 1er film, Nid de guêpes, était un remake officieux
du Assaut de John Carpenter, et il a ensuite tenté l’aventure hollywoodienne en allant filmer Otage pour/avec Bruce Willis. Dans
L’ennemi intime, les 3 personnages principaux (le novice du terrain, le marginal qui comprend et apprécie l’ennemi et le général imbu de son pouvoir et de son napalm)
sont des décalques à peine masqués des rôles tenus dans le film de Coppola par Martin Sheen, Marlon Brando et Robert Duvall. Malheureusement, c’est présumer des capacités d’acteurs de Magimel,
Dupontel et Recoing que de croire qu’ils peuvent donner autant de panache à leurs interprétations – surtout quand ils sont aussi mal soutenus. Tel qu’il a été écrit (par Philippe Rotman, par
ailleurs très bon documentariste), L’ennemi intime est en effet avant tout un film-dossier, où les individus importent moins que les thèses qu’ils représentent,
volontairement ou non. Vouloir faire cohabiter cet aspect avec un plagiat/hommage d’une œuvre mythique et hallucinée en 1h40 (une durée qui ressemble à une contrainte de producteur) se retourne
forcément contre le film, puisque Siri n’a pas 3 heures pour développer ses personnages mais 3 gros quarts d’heure : ce qui ouvre grand la porte aux caricatures et stéréotypes.
L’ennemi intime contre La chute du faucon noir
Avant Siri, un autre réalisateur spécialisé dans l’action privilégiant la testostérone aux neurones s’était lancé dans un film de guerre polémique : Ridley Scott et sa Chute du
Faucon Noir consacrée au revers américain en Somalie en 1992. Loin de se fixer des objectifs démesurés, le cinéaste anglais avait adapté ses ambitions à ce qu’il sait faire :
un long-métrage où la forme prime sur le fond, mais où la première est impressionnante et cohérente (faisant de La chute… le modèle du film de guérilla urbaine) et où le
second n’est ni oublié ni dévoyé. Sous les atours du blockbuster explosif, Scott sait faire les bons choix – pas de héros occupant le centre du récit, place importante donnée à l’autre
camp – et les bons plans pour qu’un discours, même mineur, ressorte. Trop ambitieux ou pas assez conscient de ses limites, Siri a refusé cette voie pour se lancer dans un traitement frontal du
conflit franco-algérien. Mais sur ce terrain, un concurrent de taille existe déjà…
L’ennemi intime contre La bataille d’Alger
La bataille d’Alger, j’en parle plus en détails quelques lignes plus
bas. Par rapport à cette œuvre référence, L’ennemi intime traîne tel un boulet une faute impardonnable : n’observer la guerre que du côté français. Dès
lors, Siri a beau réaliser quelques séquences remarquables pour leur sincérité et leur violence non esquivée (en particulier pour un film français à gros budget) sur la plongée dans la folie des
soldats, il plombe son film en laissant les algériens hors champ. De l’égocentrisme même doublé d’un mea culpa demeure de l’égocentrisme, et la fin en queue de poisson démontre l’ampleur du
ratage. Pour Siri, la Guerre d’Algérie semble être un scandale parce qu’elle a forcé des militaires français à pratiquer la torture et les exécutions sommaires, plutôt que parce que des algériens
– rebelles ou non – y ont été torturés et exécutés sommairement.