• L’Atalante, de Jean Vigo (France, 1934)

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Où ?

Au Reflet Médicis, à l’occasion du festival Paris Cinéma

 

Quand ?

Samedi après-midi, juste avant d’enchaîner avec Whatever
works

 

Avec qui ?

Seul, dans une salle pleine

 

Et alors ?

 

L’Atalante ne doit pas seulement sa place mythique dans l’histoire du cinéma français au destin tragique de son réalisateur Jean Vigo (atteint de la tuberculose, il meurt à 29 ans
quelques mois après la fin du tournage) et aux multiples accrocs dont sa distribution a été l’objet – charcuté (vingt minutes tronquées) et carrément débaptisé par la Gaumont à sa première
sortie, le film a mis six ans à retrouver son titre et un demi-siècle de plus à reparaître dans un montage fidèle à la version originelle de son auteur. Ce montage fait découvrir une grande œuvre
romantique, nantie de tous les attributs qui font les classiques du genre. On trouve dans L’Atalante un jeune couple passionnément amoureux ; un décor singulier et hautement
cinégénique (la péniche dirigée par le héros et à bord de laquelle son épouse vient vivre à ses côtés) ; des personnages annexes à la fois burlesques – le second du navire, Père Jules,
incarné par Michel Simon avec toute sa gouaille et sa palette de jeu, le camelot au numéro de vente mi-musical mi-prestidigitateur – et revêtant dans le même temps un rôle primordial dans la
progression du récit. Le camelot initiera ainsi la tentation à laquelle succombera l’épouse, attirée par les lumières et les richesses de la capitale parisienne au risque de briser son
couple ; et c’est Père Jules qui ira à sa recherche dans Paris et la retrouvera, accablée et désespérée, par la grâce d’une magnifique idée de cinéma.

Superbement classique dans ses fondements, L’Atalante frappe tout autant par la hardiesse de sa mise en scène. A mille lieues du cadre rigide et austère des œuvres françaises de
ces années 1930-1940 (cadre dans lequel le distributeur chercha précisément à faire entrer L’Atalante lors de sa première sortie en salles), le film de Jean Vigo présente nombre
de points communs avec les longs-métrages à venir de la Nouvelle Vague. Tournage principalement en extérieur, dans des lieux réels, intrigue volontiers mise entre parenthèses pour s’attarder sur
une situation – le passage d’une écluse – ou sur un personnage (la visite de la cabine de Père Jules, malle aux trésors remplie de souvenirs venant des quatre coins du globe), et place de choix
laissée aux décrochages musicaux tissent un lien fort au-dessus de trois décennies de cinéma. Avec son Atalante, Jean Vigo affirmait il y a soixante-quinze ans de cela que le
septième art pouvait, et donc devait, se projeter à la rencontre du monde pour saisir au mieux celui-ci dans ses récits.

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