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- Je t’aime, je t’aime, de Alain Resnais (France, 1968)
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Chez moi, en K7 vidéo (enregistrée sur Le cinéma de quartier de Canal +)
Quand ?
Avec qui ?
Et alors ?
De la S-F à la française, voilà un mets rare. Ici, le genre n’est toutefois pas une fin mais un moyen ; moyen pour Alain Resnais de réaliser une réflexion plus qu’une fiction, un essai sur
la mémoire, l’amour, et toutes les déclinaisons possibles de ces 2 phénomènes si spéciaux et spécifiques à l’homme : mémoire de l’amour, amour de la mémoire…
Après 1 suicide raté, Claude se
voit proposer de participer à une expérience scientifique : revivre une minute de sa vie. Mais la minute en question le ramène par hasard à un moment parfait de la relation amoureuse brisée qui
l’a conduit à la tentative de suicide. L’amour, le subjectif, s’immisce alors dans la mémoire, l’objectif, et Claude se retrouve dans l’incapacité plus ou moins volontaire de s’extirper de ses
souvenirs. Ceux-ci sont comme les pièces d’un puzzle que Resnais aurait renversées par terre, et qu’il filme dans l’ordre où il les trouve. Certaines sont incomplètes, d’autres reviennent avec
insistance (entre autres la fameuse minute initiale), d’autres encore sont perverties par des délires semi conscients (intervention de personnages fantastiques, dialogues dans un langage
inventé…). A partir du moment où Claude entre dans la machine, Je t’aime, je t’aime n’est plus qu’un long bout à bout de ces saynètes, à peine interrompu par quelques
retours dans le monde réel.
« Réel » ? Voire. Avec ses rues désertes, ses cadrages inquiétants, son mélange de langues (tourné à Bruxelles, Je t’aime, je t’aime alterne dans ces scènes
français et wallon) et son accompagnement musical lancinant, ce monde ressemble plus à un purgatoire où serait pesés les bons et mauvais moments de la vie du héros – possiblement à l’infini. Le
bouillonnement de vie(s), d’émotions franches (joies ou peines), de sons, d’images, de mouvements, de ruptures qui constitue la plongée dans la tête de Claude en fait un bien meilleur candidat au
titre de monde réel. Le tour de force cinématographique (et d’acteur aussi, de la part de Claude Rich) est impressionnant, au vu de la quantité de décors, d’ambiances, de personnages, de
dialogues – et par-dessus tout de la cohérence qui ressort de l’ensemble. Peu de films linéaires ont réussi à nous faire nous sentir à ce point proches d’un personnage, et témoins privilégiés
d’une relation sentimentale.
Consciemment ou inconsciemment (ce qui serait particulièrement savoureux), Je t’aime, je t’aime a forcément servi d’inspiration à Michel Gondry pour Eternal
sunshine of the spotless mind et La science des rêves, qui en reprennent le principe sur un mode plus mineur, plus « pop song ». Magistral et
universel, Resnais déploie quant à lui une vie humaine sublimée par l’art du montage, pour exprimer comment l’amour et la mémoire sont autant des malédictions que des bénédictions pour tout un
chacun.